Personne ne s'y attendait. Et pourtant c'est arrivé... En quittant son poste 44 jours à peine après sa nomination, Liz Truss aura été la Première ministre dont la longévité aura été la plus éphémère de l'histoire du Royaume-Uni car le précédent record, datant de 1827, était détenu par George Canning qui avait été emporté par la maladie 119 jours après sa prise de fonction. Mais si contrairement à ce dernier, Liz Truss est saine de corps, voire même d'esprit pourrait-on dire, son programme laisse à désirer tant il a été décrié aussi bien par ses partisans, que par l'ensemble de la classe politique et par l'opinion publique. Sans réel programme économique après l'humiliant revirement intervenu postérieurement à la présentation, fin septembre, d'un «mini-budget» alliant un soutien massif à l'énergie et une baisse d'impôts tous azimuts nécessitant un financement par le biais d'un emprunt sur les marchés, Liz Truss avait provoqué une brutale perte de confiance des investisseurs et une envolée des taux de crédit alors que le pays traverse une crise économique sans précédent et que les citoyens souffrent de l'inflation. Tout cela ayant fait plonger la livre et conduit à la démission du ministre des finances, Kwasi Kwarteng, la première ministre, mise au-devant de la nécessité de se priver de deux de ses plus importants ministres, n'avait donc plus d'autre choix que celui de jeter l'éponge. C'est ce qu'elle fit ce jeudi 20 Octobre 2022 si bien que les marchés montrèrent des signes de soulagement qui firent que les taux d'intérêts se sont détendus et que la livre a pu rebondir. Tout cela est bien beau, certes, puisqu'un changement de programme permettra, incontestablement, de redresser la barre mais la crise politique qui est là ne pourra prendre fin qu'avec la désignation, d'ici vendredi 28 Octobre, par les Tories, du remplaçant de la Première ministre démissionnaire, à l'issue d'une élection interne qui sera la cinquième en six ans alors que le très court délai imparti impose la mise en place d'une procédure accélérée et l'organisation d'une campagne éclair. Mais si, en coulisses, les différents prétendants au poste de Premier ministre comptent déjà leurs soutiens pour atteindre, d'ici lundi après-midi, le seuil des 100 parrainages requis, trois favoris se démarquent déjà. Il s'agit de Rishi Sunak, l'ancien ministre des Finances de Boris Johnson qui, à l'heure qu'il est, a déjà réuni les validations nécessaires, de Penny Mordaunt, la coqueluche des militants tories, qui était arrivée troisième lors de la dernière primaire et, enfin, de l'ancien Premier ministre Boris Johnson qui pourrait sauter sur l'occasion pour renaître de ses cendres et redorer son blason. Initialement candidat préféré des conservateurs avant d'être écarté par Liz Truss, l'ancien chancelier de l'échiquier Rishi Sunak n'avait pas cessé de répéter que les baisses d'impôts préconisées par Liz Truss vont aggraver l'inflation et saper la confiance des marchés. Les faits qui lui ont donné raison en acculant la Première ministre à la démission vont-ils lui donner l'occasion de la remplacer ? Pas sûr dès lors qu'en voyant, en lui, le « traître » dont la démission avait précipité le départ de Boris Johnson, nombreux sont parmi ses partisans ceux qui auront du mal à croire qu'il parviendra à ressouder les rangs d'un parti qu'il a lui-même contribué à diviser même si, pour l'heure, rien n'est encore acquis. A côté de lui, en faisant figure de candidate très sérieuse, Penny Mordaunt, l'actuelle ministre des relations avec le Parlement, 49 ans, très populaire auprès des militants de la base du parti, a promis « d'unir (le) pays», de «réaliser» tous les engagements pris et, enfin, de «remporter les prochaines élections législatives. Coqueluche des militants, Penny Mordaunt pourra, sans trop de difficultés, tirer ses marrons du feu et remporter la course si elle parvient à convaincre ses partisans de sa crédibilité en matière d'économie. Enfin, en s'étant déclaré prêt à se lancer dans la course moins de quatre mois après avoir été acculé au départ, après plusieurs affaires plus « scandaleuses » les unes que les autres, l'ancien chef de gouvernement, Boris Johnson, dont les proches mettent en avant la légitimité qu'il avait tiré de son triomphe électoral de fin 2019, aurait exhorté, d'après le «Telegraph», «les députés conservateurs à le soutenir pour un retour spectaculaire, à Downing Street, en promettant que lui seul peut faire gagner les tories aux prochaines élections». S'il n'est pas dit que ses partisans vont lui faire confiance et le soutenir, rien ne permet, pour l'heure, d'affirmer le contraire. Alors, lequel de ces trois prétendants sera le prochain Premier ministre de Sa Majesté le Roi Charles III ? Attendons pour voir...