Dossier réalisé par Fairouz EL Mouden et Kaoutar Khennach Le dynamisme de l'écosystème de la finance participative se poursuit au Maroc puisque les banques participatives sont aujourd'hui vues comme une banque de plein exercice surtout après le déploiement de l'assurance Takaful cette année afin de couvrir les encours que toutes les banques avaient réalisés. De meme, le marché devrait connaitre, bientôt, l'émission de plusieurs types de produits Sukuk afin de permettre aux différents acteurs de la finance participative de gérer leur liquidité et d'optimiser la gestion de leurs ressources. Le point sur l'évolution de cet écosystème avec Maître Kaltoum Jiddi, avocate au Barreau de Casablanca qui évoque le cadre juridique pour les banques participatives au Maroc, Aissam El Achiki, chef du Service Veille et Normalisation à l'ACAPS qui explique les mécanismes de l'assurance Takaful et Farid Mezouar, directeur exécutif de FL Markets qui analyse le lien entre la finance participative et le marché boursier. A fin 2021, 176 agences bancaires de finance participative étaient présentes dans l'ensemble du pays. Durant cette même période, plus de 151.000 comptes à vue étaient ouverts et ont permis la distribution de 14 milliards de DH de financements participatifs. En 2021, le secteur enregistrait 5,2 milliards de DH de dépôts à vue et 1,8 milliards de DH de dépôts d'investissement. En effet, les banques participatives souffrent encore d'un déséquilibre de gestion bilancielle important dû à plusieurs facteurs, notamment un niveau de dépôts trop faible par rapport aux encours. Ce phénomène menace la rentabilité de ces institutions dont le modèle d'affaires repose structurellement sur un niveau important de ressources gratuites, tout comme dans le secteur bancaire conventionnel. En termes de réponse à la demande, l'écosystème de la finance participative a su remplir les objectifs fixés à ce jour, particulièrement dans le financement de l'immobilier, où le secteur a répondu à de vraies attentes. Ce type de financement reste très prisé, bien que le Takaful ait fait défaut depuis le lancement de la finance participative. Maintenant que les compagnies Takaful ont démarré leur activité, les banquiers se sentent plus rassurés. l'opérationnalisation de ce modèle d'assurance participative permettra de compléter l'écosystème de la finance participative et de répondre aux besoins d'un segment de la population concernant la couverture assurantielle. Elle contribuera également à la promotion des produits des banques participatives, via l'assurance Takaful décès/invalidité pour la finance participative, et via l'assurance multirisque bâtiment pour la finance participative. Cette opérationnalisation participera aussi au développement du secteur financier et ce, suite à l'inclusion financière d'une catégorie importante de citoyens qui, auparavant, se montrait réticente vis-à-vis des services proposés par ce secteur, pour des raisons religieuses, et par le biais des placements financiers des contributions des participants au titre des contrats d'assurance Takaful. Par ailleurs, les sukuks font leur révolution sur le marché des capitaux. Le ministère des Finances a précisé, récemment, les modalités techniques d'émission et de fonctionnement de plusieurs types de produits Sukuk, autres que les Sukuk Ijara, seul type de Sukuk admis jusqu'à présent. Il s'agit de l'élargissement du champ du possible en matière d'émission de Sukuks avec désormais la possibilité d'émettre des Sukuks Mourabaha, des Sukuk Salam, des Sukuk Istissnaa, ou encore des Sukuks Moudaraba, des Sukuk Wakala et des Sukuk Moucharaka par les opérateurs de marché. Auparavant, seul le Sukuk Ijara, pour lequel une émission inaugurale a eu lieu en 2018, était possible au Maroc. Les certificats de Sukuk sont d'une importance capitale pour le développement de la finance participative au Maroc. Ils vont permettre aux différents acteurs de la finance participative de gérer leur liquidité et d'optimiser la gestion de leurs ressources. Ces certificats servent de référence pour les acteurs financiers de manière générale et les acteurs de la finance participative en particulier. Pour l'Etat, cet instrument permet de diversifier ses sources de financement et d'élargir sa base d'investisseurs. C'est d'ailleurs, pour le moment le seul et unique émetteur sur ce marché avec le placement en octobre 2018 d'un milliard de dirhams de Sukuk Ijara. Finance participative