Plus que «quelques semaines» à patienter avant la première émission souveraine de Sukuk au Maroc. L'arrivée des Sukuks sur le marché devrait apaiser les tensions sur les liquidités des banques participatives.
Les choses se précisent pour la première émission de Sukuks par le gouvernement marocain. Attendue il y a un an déjà, elle aura lieu finalement «dans quelques semaines», nous indiquent des opérateurs proches du dossier. L'ex-ministre des Finances, Mohamed Boussaïd, avait auparavant indiqué publiquement qu'il s'agira d'un Sukuk Ijara, émis en monnaie locale et ouvert aux opérateurs locaux qualifiés. Un compartiment Sukuks, en parallèle à celui des bons du Trésor, sera mis en place. Une partie du besoin en financement du Trésor sera ainsi consacrée à ces obligations estampillées «halal». En attendant, Umnia Bank, Bank Al Yousr et Al Akhdar Bank ont reçu dernièrement l'aval des autorités pour opérer comme intermédiaires financiers en valeurs Sukuk. La décision a été publiée dans le Bulletin officiel du 6 septembre dernier.
Une bouffée d'oxygène pour les banques participatives
Cette émission tant attendue constitue ainsi un jalon important pour le déploiement harmonieux de l'industrie financière participative marocaine. Elle est indispensable aux banques participatives et aux assurances Takaful, puisqu'elle leur apportera de la liquidité et des opportunités de placement. L'arrivée des Sukuks sur le marché devrait ainsi apaiser les tensions sur les liquidités des banques participatives en drainant de l'épargne longue vers le secteur et en lui permettant de développer un circuit bancaire participatif hermétique et de se constituer un matelas d'actifs de grande qualité. L'émission de Sukuks servira par ailleurs de benchmark pour la place financière. Car les banques seront elles aussi amenées à émettre des certificats de Sukuk de type Moudaraba, Wakala ou Musharaka, pour des considérations prudentielles. En effet, les fonds ainsi levés seront considérés, s'ils respectent un certain nombre de critères, comme des fonds propres ou quasi-fonds propres, et partant se conformer au ratio de solvabilité (Bâle III). Les banques pourront aussi émettre des sukuks de type Ijara afin de procéder à la titrisation d'actifs de leur bilan. Elles pourront aussi accompagner leurs clients Corporate pour structurer de la titrisation d'actifs conformes à la Charia, afin de diversifier leurs sources de financement. ■