Pour les salaires et le droit de grève « Si on ne bloque rien, on ne nous entend pas »: de premiers cortèges se sont formés mardi en France pour la journée de « mobilisation et grève » interprofessionnelle pour une hausse des salaires et contre les réquisitions de grévistes dans les raffineries. De nombreux secteurs avaient déposé des appels: fonction publique, énergie, transports publics, routiers, agroalimentaire, commerce etc. A Marseille, 2.200 personnes ont manifesté selon la police, affichant des pancartes de « soutien aux grévistes des raffineries », mais protestant surtout contre la réforme des lycées professionnels voulue par le gouvernement. A Martigues, au bord de l'Etang de Berre, coeur de l'industrie pétro-chimique dans les Bouches-du-Rhône, quelque 600 personnes se sont rassemblées à la mi-journée. En « portant atteinte au droit de grève quand les travailleurs ont faim, (…) le gouvernement a déclenché quelque chose dont il n'a même pas idée », a affirmé Olivier Matteu, secrétaire départemental de la CGT. Ils étaient entre 1.100 (police) et 1.300 (syndicats) à Strasbourg à avoir répondu à l'appel. Dont Nadine, 45 ans, salariée dans la métallurgie, qui observe que « tout coûte plus cher ». Elle juge « dommage d'en arriver à un point de blocage pour que ça bouge, mais aujourd'hui si on ne bloque rien, on ne nous entend pas ». La manifestation au Havre a rassemblé 3.650 personnes, dont des salariés de la raffinerie TotalEnergies de Gonfreville-L'Orcher, selon la police. A Rennes, 2.600 personnes selon la police, 4.500 selon la CGT, manifestaient en fin de matinée. « Ça ne peut plus durer, ça va péter » scandait la tête du cortège. Dès le début de matinée, plusieurs lycées étaient bloqués, notamment à Paris. Le ministère de l'Education annonce un taux de grévistes de 5,67%, grimpant à 22,94% dans les lycées professionnels mobilisés contre la réforme voulue par le gouvernement. Dans les transports, la grève était modérément suivie à la RATP. Côté SNCF, malgré des perturbations en région parisienne, il n'y avait pas de problèmes majeurs sur le réseau. Interrogé sur une éventuelle poursuite de la grève à la SNCF, à l'approche des vacances de Toussaint, le dirigeant de la CGT Philippe Martinez a déclaré sur RTL: « Ce sont les salariés en grève qui décideront. Comme chez TotalEnergies ». Les cheminots « sont déterminés », a affirmé sur Twitter le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, pour qui la « tendance » est à la poursuite du mouvement. Côté RATP, il ne devrait pas être reconduit mercredi, selon Bertrand Hammache (CGT). Dans l'industrie pétrolière d'où est parti le conflit fin septembre, la CGT décidera mardi soir de la suite du mouvement chez TotalEnergies, dans les équipes de raffinage et/ou de dépôt de carburants. Quelque 400 personnes se sont réunies devant la centrale de Gravelines, plus grande centrale nucléaire française, tandis que la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) était aussi en grève. Près de 150 points de rassemblement sont prévus en France, selon la CGT, qui organise cette journée avec les syndicats FO, Solidaires et FSU et les organisations de jeunesse Fidl, MNL, Unef et la Vie lycéenne. Premier syndicat de France, la CFDT a en revanche décidé de rester à distance du mouvement, ne croyant pas en l'efficacité des manifestations interprofessionnelles pour des augmentations. La fédération CFDT santé-sociaux a néanmoins appelé à une grève pour les salaires. A Paris, la manifestation principale s'ébranlera à 14H00 de la place d'Italie. Un autre cortège des lycées professionnels défilera du métro Saint-François-Xavier à Sèvres-Babylone. Quarante-huit heures après la « Marche pour la vie chère » organisée par les partis de gauche, la police anticipe respectivement 15.000 et 2.000 personnes pour les deux mobilisations parisiennes, et les autorités s'attendent à voir se former un cortège d' »ultras »devant le carré syndical. La précédente journée de mobilisation interprofessionnelle, le 29 septembre, avait rassemblé 118.500 personnes dont 13.500 à Paris selon la police (250.000 et 40.000 selon les organisateurs). Outre l' »augmentation des salaires », les participants contestent contre les réquisitions de grévistes mises en oeuvre par le gouvernement pour faciliter la distribution de carburant. C'est notamment ce qui a convaincu FO de se joindre au mouvement. « Il y aura des réquisitions autant que nécessaire », a prévenu mardi sur France 2 le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. La perspective d'un 49.3 –« probablement » mercredi, selon Olivier Véran– pour faire adopter le budget à l'Assemblée, le durcissement à venir des règles d'indemnisation des chômeurs, la réforme des retraites attendue pour la fin de l'année, sont autant d'ingrédients qui attisent la colère sociale