A neuf jours du début de l'Euro, et après trois mois de fronde contre la loi travail, le gouvernement doit faire face mercredi à une grève reconductible à la SNCF, à l'appel de la CGT et SUD, qui lient des revendications internes au retrait du projet de loi, ainsi que l'Unsa. Il s'agit de la huitième journée de grève depuis début mars à la SNCF mais pour la première fois, le mouvement est reconductible chaque jour. Lancée mardi soir, cette grève va précéder d'autres turbulences : «cette semaine va être la semaine la plus forte de mobilisation depuis trois mois», prévient le numéro un de la CGT, Philippe Martinez. Le gouvernement, lui, -- le Premier ministre l'a répété mardi -- entend «tenir sur le fond» du projet de loi travail. L'exécutif a bien tenté de déminer le conflit en imposant à la SNCF, transporteur officiel de l'Euro, des concessions sur la future organisation du travail des cheminots. Mais seule la CFDT-cheminots a levé in extremis son préavis. Les perturbations étaient relativement importantes mercredi: au vu des «premières prises de service», seulement 40% des Transiliens, le tiers des Intercités, la moitié des TER en circulation et six TGV sur dix étaient assurés, selon la SNCF. La CGT-Cheminots a demandé mardi soir au gouvernement d'obtenir la «réouverture immédiate» des négociations menées dans le rail, pour construire une convention collective inédite. L'UTP (regroupant SNCF et entreprises privées) les considère terminées et a déjà transmis aux syndicats un projet d'accord. Les négociations menées parallèlement au sein de la SNCF pour rendre l'organisation du travail plus flexible sont, elles, entrées dans leur phase finale. Dans les transports publics parisiens, la CGT a appelé à partir de jeudi à une grève illimitée pour des questions salariales et contre le projet de loi travail. La RATP n'anticipe que de légères perturbations. Le gouvernement pourrait aussi affronter un conflit dans le ciel, les syndicats de l'aviation civile appelant à la grève de vendredi à dimanche pour demander notamment l'arrêt des baisses d'effectifs. Des négociations pourraient toutefois aboutir à lever la grève. Passes d'armes En dehors de ces revendications d'entreprises, le climat social reste alourdi par la contestation de la loi travail, avec notamment de vives passes d'armes entre la CGT et le patronat. La première centrale «a décidé mardi de porter plainte pour diffamation» contre le président du Medef, Pierre Gattaz, qui avait évoqué «des minorités qui se comportent un peu comme des (...) terroristes». En réponse, l'organisation patronale a appelé les entreprises touchées par les blocages à porter plainte pour «délit d'entrave à la liberté du travail». Des blocages de sites se poursuivaient ou encore des grèves dans les raffineries, dont six sur huit restaient «à l'arrêt ou au ralenti», selon la CGT pétrole. Le patron de la CGT s'est rendu mardi soir à Donges (Loire-Atlantique) pour soutenir les grévistes de la raffinerie Total, «détonateurs», selon lui, de «l'amplification» de la mobilisation contre la loi travail. Contre ce texte de la ministre Myriam El Khomri, une journée d'action est programmée le 14 juin avec un rassemblement unique à Paris. Le président des Républicains et ex-chef d'Etat, Nicolas Sarkozy, a dénoncé «la pagaille» en France et «la perte totale d'autorité» de l'exécutif. Mais pour le gouvernement, la fermeté reste de mise: «Reculer serait une faute politique», a déclaré mardi Manuel Valls, François Hollande assurant que le projet «ne (serait) pas retiré». Faire marche arrière serait faire preuve de «courage politique», a rétorqué François Hommeril, qui doit devenir mercredi président de la CFE-CGC. Tout en continuant à réclamer le retrait d'un texte perçu comme trop favorable aux employeurs, Philippe Martinez a enjoint le gouvernement de renouer le dialogue: puisque Manuel Valls «est ouvert au dialogue, et bien dialoguons, discutons. (...) La balle est dans son camp», a-t-il répété à Donges.