Le Haut-Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, a souligné la nécessité d'infléchir la politique agricole et d'accorder plus d'importance aux exploitations familiales. Intervenant lors d'une rencontre dédiée à la présentation du budget économique exploratoire relatif à 2022 et 2023, IL a indiqué que les exploitations familiales ont accumulé un savoir-faire important dans la gestion de la rareté et de la sécheresse. La politique agricole devrait, en effet, miser plus sur le petit agriculteur, surtout dans le contexte de sécheresse, a-t-il recommandé. Lahlimi a également relevé que l'économie nationale est toujours dépendante des aléas climatiques et de l'évolution du secteur agricole, estimant que la rupture doit se faire par la montée en gain et en vitesse des produits non agricoles. Par ailleurs, il a évoqué la nécessité d'améliorer le rendement des investissements, ajoutant que le taux d'investissement avoisine 30% du PIB, mais ne se reflète pas sur la croissance, d'où l'importance des principes de l'exemplarité morale. Il s'agit essentiellement de la lutte contre la corruption et l'allègement des procédures administratives, a-t-il expliqué se réjouissant de l'adoption du projet de la loi-cadre formant Charte de l'Investissement qui permettra d'accroitre l'attractivité de l'économie nationale. En outre, Le Haut-Commissaire au Plan a souligné que les effets de la crise Covid-19 ont fait perdre au Maroc l'équivalent de 2 années et demie de croissance et trois années d'efforts de lutte contre la pauvreté. Face à toutes ces pertes subies, Lahlimi a appelé à une solidarité nationale, et ne surcharger ni l'Etat, ni les entreprises, ni les ménages. Il a également affirmé qu'il faudrait certainement passer à un nouveau palier de croissance pour les cinq années à venir, en accélérant le rythme des réformes structurelles prévues dans le Nouveau modèle de développement. Côté international, le Haut-Commissaire au Plan a assuré qu'il s'agit d'un contexte inédit et que les problèmes liés à l'augmentation des prix des matières premières et de l'énergie devraient persister encore. Croissance du PIB 3,7% en 2023 et 1,3% en 2022 La croissance économique nationale devrait se situer à 3,7% en 2023, a indiqué, jeudi à Rabat, le Secrétaire général du Haut-Commissariat au Plan (HCP), Ayachi Khellaf. Il a souligné que quatre hypothèses ont été retenues pour les perspectives de l'année 2023. Il s'agit d'une campagne agricole 2022/2023 moyennes, d'un ralentissement de la demande mondiale adressée au Maroc de 5,9% en 2022 à 3,6% en 2023, de la reconduction de la politique budgétaire en vigueur en 2022 et d'un cours de pétrole aux alentours de 100$/baril, a-t-il précisé. En effet, la croissance économique devrait être soutenue par une forte demande intérieure, contribuant à hauteur de 3,6 points à la croissance, tandis que la demande extérieure aurait une contribution nulle, a relevé Khellaf. De son côté, le déficit budgétaire se maintiendrait à 5,5% du Produit intérieur brut (PIB) en 2023, alors que les déficits externes devraient connaître un allègement timide, a-t-il noté. S'agissant de l'épargne nationale, elle afficherait une quasi-stagnation, à hauteur de 26,5% du PIB au lieu de 26,6% du PIB en 2022. L'épargne intérieure se situerait à 21,2% du PIB. Pour sa part, la dette publique globale devrait s'établir à 83,3% du PIB et la dette du Trésor à 68,9% du PIB. Une progression de 1,3% en 2022 L'activité économique nationale devrait connaitre une croissance de 1,3% en 2022, après le rebond de 7,9% en 2021, a-t-il annoncé. La croissance est tirée vers le bas par l'activité agricole qui reculerait de 15% sous l'effet de la sécheresse, ce qui impacte le secteur primaire qui baisserait de 13,5% du fait que la pêche connaîtrait une progression modérée de presque 3%, a-t-il fait savoir. Il a, parallèlement, souligné que c'est l'activité non agricole qui devrait soutenir la croissance de l'économie nationale cette année, avec une augmentation de 4,5%, à la faveur essentiellement de la performance du secteur tertiaire. En revanche, la croissance du secteur secondaire ne devrait pas dépasser les 3%, en raison notamment de la contre-performance des activités des industries de transformation. Pour les branches du secteur tertiaire, le SG du HCP a indiqué que le tourisme, qui essaye de se rattraper en particulier avec l'ouverture des frontières, devrait progresser de 25,1% en 2022. Par ailleurs, Khellaf a précisé que l'inflation est prévue à 4,9%, faisant état également d'une évolution du produit intérieur brut (PIB) nominal de 6,2%. Et de soutenir: «Dans cet environnement là, nous estimons aussi que le taux de chômage va rester aux alentours de 12,2%, du fait des pertes d'emplois qu'a connu l'économie nationale en 2020».