A cinq jours du second tour des législatives, la campagne devient incandescente entre la macronie qui traite Jean-Luc Mélenchon de « menteur » et le leader Insoumis qui accuse en retour le pouvoir de paniquer et « bidouiller » les chiffres. Alors que les macronistes réunis sous l'étiquette Ensemble! ne sont pas assurés de conserver leur majorité absolue à l'Assemblée nationale dimanche, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe dramatise l'enjeu, faisant valoir dans Le Figaro qu'en cas de majorité seulement « relative », « le désordre politique qui viendrait s'ajouter à l'instabilité et aux dangers du monde actuel serait une folie ». La majorité présidentielle est sortie du premier tour dimanche avec seulement un peu plus de 21.000 voix d'avance sur la gauche unie Nupes (LFI-EELV-PS-PCF) – sur 23,3 millions de votants – et 25,75% des voix, contre 25,66% pour la Nupes, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, contestés par la gauche. Les différents instituts de sondages lui prédisent une fourchette de 255 à 295 sièges, quand la majorité absolue est fixée à 289 sièges, et entre 150 et 210 sièges pour la Nupes. « Nous devons arracher la majorité absolue dimanche prochain. C'est un combat », a lancé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur France 2, exhortant à éviter la « véritable guerre de tranchées », les « négociations interminables » et la « perte de temps » suscitées par une majorité relative, quand « la majorité absolue nous donne une capacité à décider ». Le coude-à-coude des résultats du premier tour exacerbe la tension, la Nupes accusant le ministère de l'Intérieur de « bidouille » et de « moeurs de république bananière » selon les mots de Jean-Luc Mélenchon, qui raille l' »affolement » des macronistes qui selon lui « disent n'importe quoi » car ils « vivent mal » le score de la gauche au premier tour. La Première ministre Elisabeth Borne a rétorqué en qualifiant le leader de LFI de « Premier menteur ». Dans la bataille acharnée pour les reports de voix à l'issue d'un premier tour marqué par une abstention record à 52,49%, la Nupes attaque aussi la macronie en lui reprochant de ne pas donner de consignes claires en cas de duels Nupes/RN. « Aucune voix » pour le Rassemblement national et soutien aux candidats « républicains », a défini Elisabeth Borne, excluant ceux parmi les candidats de la Nupes qui « insultent nos policiers, demandent de ne plus soutenir l'Ukraine, veulent sortir de l'Europe ». Une ligne « très claire », défend le ministre Clément Beaune, lui-même candidat à Paris mais en ballottage défavorable face à la Nupes. « D'ailleurs, symétriquement, Jean-Luc Mélenchon avait dit cela à l'issue du premier tour (de la présidentielle) le 10 avril, il n'avait pas été davantage précis, il n'avait pas été plus loin », a-t-il fait valoir sur France Inter. Au sein de l'alliance Nupes, le numéro deux de LFI Adrien Quatennens a appelé les électeurs qui « s'égarent » dans le vote RN à rallier la gauche. Tandis qu'au RN, qui mise sur 35 à 40 députés, « la plupart du temps on votera blanc » dans les duels Ensemble!-Nupes, indique le maire de Perpignan Louis Aliot, tout en souhaitant la défaite du patron des députés LREM Christophe Castaner, fut-ce au prix d'un vote des électeurs du RN pour la Nupes. Chez LR, qui table sur une soixantaine de députés et pourrait ainsi s'arroger un rôle crucial si la macronie n'obtenait qu'une majorité relative, Gérard Larcher, président du Sénat, exhorte à ne donner aucune voix aux « extrêmes », renvoyant dos à dos Nupes et RN, tous deux « représent(ant) le même danger pour notre pays ». Dans cette dernière ligne droite, Emmanuel Macron, qui n'a toujours pas réagi officiellement aux résultats du premier tour, s'envole, lui, mardi pour la Roumanie après le Conseil des ministres et un déjeuner avec les responsables des organisations patronales. Il doit y saluer les 500 soldats français qui sont déployés sur une base de l'Otan depuis l'invasion de l'Ukraine avant une visite de soutien à la Moldavie et un possible déplacement à Kiev. Ses ministres, notamment les 15 en lice aux législatives, restent au front. Bruno Le Maire participe en soirée à une réunion publique avec Amélie de Montchalin à Palaiseau, dans une circonscription où la ministre de la Transition écologique est en grand danger face au candidat de la Nupes Jérôme Guedj. Juste après l'horaire limite de dépôt des candidatures pour le second tour (18H00), Jean-Luc Mélenchon sera en meeting à Toulouse à 19H00. Elle-même candidate dans le Pas-de-Calais, Marine Le Pen est à Pont-sur-Yonne pour soutenir le candidat Julien Odoul, avant une interview au JT de 20H00 de France 2.