L'un à Caen, l'autre à Vire, le leader de la Nupes Jean-Luc Mélenchon et la première ministre Elisabeth Borne se livrent mercredi un duel à distance pour le Calvados à quatre jours d'un premier tour de législatives aux airs de face-à-face entre la macronie et la gauche. Le chef de file des Insoumis, qui a appelé les Français à le faire désigner chef du gouvernement en donnant une majorité à la Nouvelle union populaire, écologiste et sociale (Nupes), se rend à Caen pour y tenir son dernier grand meeting avant le premier tour de dimanche. Il y apportera son soutien au jeune candidat LFI Noé Gauchard, 22 ans, qui se présente dans la 6e circonscription du Calvados face à Elisabeth Borne. Selon un sondage Ifop-Fiducial, la locataire de Matignon l'emporterait facilement au second tour face à son challenger (58% contre 42). La cheffe du gouvernement se rend à une réunion publique à Vire, en fin d'après-midi, après avoir tancé le chef de file des Insoumis qui avait estimé que « la police tue », à propos de la mort de la passagère d'une voiture victime de tirs policiers lors d'un contrôle samedi à Paris, un drame qui a relancé les débats sur les violences policières. « Je trouve très choquant la façon qu'(il) a de s'en prendre systématiquement à la police avec des propos totalement outranciers », s'est insurgée Borne. Dans cette dernière ligne droite, ces législatives ont toujours plus des airs de mano a mano entre la majorité et la Nupes. Les deux coalitions sont au coude-à-coude dans les intentions de vote, bien que Ensemble!, la confédération qui réunit les soutiens du chef de l'Etat Emmanuel Macron, l'emporte en termes de projections de sièges dans la future Assemblée nationale, sans certitude cependant d'obtenir la majorité absolue fixée à 289 députés. Une étude Ipsos pour Le Monde-Cevipof et la fondation Jean-Jaurès, envisage entre 275 et 315 élus pour Ensemble! contre 160 à 200 pour la Nupes. Les autres partis sont loin derrière. Alors que le pouvoir d'achat continue d'être le sujet de préoccupation N.1 des Français et doit faire l'objet d'un projet de loi en cas de victoire de l'actuelle majorité aux législatives, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a promis aux Français qu'ils ne paieront pas « plus d'impôts » en raison des hypothétiques hausses de salaire décidées par les employeurs pour contrer l'augmentation des prix. En retour, l'écologiste Sandrine Rousseau, candidate Nupes à Paris, s'est gaussée de la « panique » du gouvernement sur France 2. Quant à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, elle a agité sur CNews la menace d'une accession de Jean-Luc Mélenchon à Matignon, « une catastrophe pour la France ». Mélenchon adversaire N.1 pour la Macronie? Le chef de l'Etat se rend en tout cas mercredi dans le département de Seine-Saint-Denis, qui a massivement soutenu le leader Insoumis lors du premier tour de la présidentielle. Il sera en fin d'après-midi à Clichy-sous-Bois sur le thème de l'accès des jeunes aux activités sportives, avant un déplacement jeudi dans le Tarn. De son côté, Marine Le Pen est attendue dans les Pyrénées-Orientales puis l'Hérault, des terres qui lui ont été très favorables lors de la présidentielle. Mme Le Pen, dont le parti est largement distancé dans les intentions de vote, a fustigé sur Europe 1 « la fascination des médias » pour le patron de LFI et mis en garde contre une abstention qui pourrait fortement pénaliser le RN. A droite, le patron des Républicains Christian Jacob se rend à Oyonnax, pour apporter son soutien à Julien Martinez, 33 ans, candidat du parti dans la 5e circonscription de l'Ain contre le sortant Damien Abad, exclu de LR après avoir rejoint le gouvernement d'Elisabeth Borne. L'actuel ministre des Solidarités joue son avenir politique lors de ce scrutin. Dans la tourmente après des accusations de viol, la seule grosse prise à droite de la macronie devra, comme tous les ministres battus, démissionner du gouvernement s'il ne parvient pas à conserver son fief où il s'était imposé haut la main en 2017 sous l'étiquette LR.