«Si les américains n'étaient pas là, ce sont les Russes qui se promèneraient dans les rues (...) C'est à cause des russes que nous avons enduré cinquante ans de communisme mais cette fois-ci ce n'est plus l'Armée rouge qui défile chez nous mais l'armée américaine» a déclaré, non sans faire montre d'une certaine fierté, un vieux paysan roumain à la vue du convoi de camions de l'US Army arrivé dans son village ce vendredi 11 Février 2022. Ces camions chargés de blindés Stryker, qui faisaient partie du dispositif militaire de la base américaine de Vilseck en Allemagne, et d'un millier de soldats ont traversé la moitié du vieux continent pour arriver jusqu'aux confins orientaux de l'Union Européenne ; à quelques 400 kilomètres de la Crimée annexée par la Russie en 2014, dans cette zone d'extrêmes tensions qui enflamme les esprits aussi bien au sein de l'Otan qu'à l'intérieur du Kremlin. Ainsi, pour faire face à ce qu'il est convenu d'appeler, aujourd'hui, la crise ukrainienne et protéger les pays d'Europe de l'Est, des conséquences d'une éventuelle invasion de l'Ukraine par la Russie, les pays-membres de l'Alliance atlantique et les Etats-Unis ont décidé d'augmenter les capacités militaires de l'Europe de l'Est. Aussi, Washington, qui dispose déjà de six bases en Roumanie et d'un bouclier anti-missiles installé dans un village du sud du pays – ce qui irrite profondément Moscou – s'était engagé, à plusieurs reprises, auprès des autorités de Bucarest, à renforcer le dispositif militaire de l'Organisation du Traité Atlantique Nord (Otan) à laquelle la Roumanie a adhéré en 2004. C'est ainsi que, depuis qu'elle est devenue membre de l'Otan et, de surcroît, «partenaire stratégique» de Washington, la Roumanie a vu sa sécurité garantie par ses deux principaux alliés et membres importants de l'Alliance atlantique que sont les Etats-Unis et la France à telle enseigne que les soldats américains qui sont arrivés, ce vendredi en Roumanie, ont été accueillis par le président roumain Klaus Iohannis qui était accompagné du Secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg. Vêtu d'un treillis militaire, le président roumain a même saisi cette occasion pour faire le tour de la base américaine de Mihail Kogalniceanu où étaient déjà stationnés 2.000 soldats américains et une escadrille d'avions de chasse F-16. Pour rappel, en décembre dernier, le Parlement roumain avait voté l'acquisition de 32 F-16 supplémentaires. S'agissant de la France, il faudrait rappeler que le 19 Janvier dernier, le président Emmanuel Macron, avant de prendre son bâton de pèlerin et de se proposer comme médiateur dans la crise russo-ukrainienne, s'était engagé à envoyer plusieurs centaines de soldats en Roumanie et qu'il avait même proposé que la France devienne la «nation-cadre» d'une présence avancée et adaptée de l'Otan dans le pays dont les contours seront discutés lors de la réunion que tiendront, à la mi-février, les ministres de la Défense des pays-membres de l'Alliance atlantique. C'est à ce titre, d'ailleurs, que les 2 et 3 Février, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, s'était rendu à Bucarest et avait déclaré, lors de la conférence de presse tenue dans la capitale roumaine en marge de cette visite, qu'il faudrait prendre «toutes les initiatives possibles pour engager la désescalade et pour que le président Poutine choisisse la négociation plutôt que la confrontation». Au vu de l'important déploiement des forces armées dans la région, de l'extrême-tension qui y règne et du fait que de nombreuses chancelleries – dont l'ambassade du Royaume du Maroc à Kiev à travers un communiqué en date de ce samedi 12 Février 2022 – ont invité leurs ressortissants à quitter l'Ukraine, sans délai, tout indique que la confrontation militaire est proche mais attendons pour voir...