La campagne présidentielle aborde le fond des dossiers mercredi: les candidats de droite et d'extrême droite débattent sécurité, ceux de gauche dénoncent le mal-logement et le futur candidat Emmanuel Macron parle d'aide aux territoires et d'immigration dans les Hauts-de-France. A 67 jours du premier tour, le président sortant retient toujours son annonce de candidature, assurant, dans La Voix du Nord, avoir «d'abord l'obsession que la phase aiguë de l'épidémie et le pic de la crise géopolitique actuelle soient derrière nous». Alors que la sécurité est l'une des principales préoccupations des Français derrière le pouvoir d'achat et la santé, un des principaux syndicats de policiers, Alliance, a invité les candidats à un «grand oral» sur ces questions. Les candidates d'extrême droite Marine Le Pen et de droite Valérie Pécresse, au coude-à-coude dans les sondages autour de 17% au premier tour, ont répondu présent, tout comme l'autre candidat d'extrême droite Eric Zemmour. Tous les trois ont fait de la lutte contre l'insécurité un des axes principaux de leurs programmes. Ils représentent ensemble près de 50% des intentions de vote au premier tour, selon les derniers sondages. Mardi à Brest, Marine Le Pen avait fustigé «quarante ans de laxisme» en matière de sécurité, promettant de mettre «un terme au désordre de la loi du plus fort». Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin représentera le candidat non déclaré Macron. Début des débats dans un cinéma parisien à partir de 11h30. Les prétendants à l'Elysée viendront un par un devant l'auditoire. Ils disposeront de 15 minutes pour exposer leur «vision de la sécurité de demain» avant de répondre aux questions de la salle. Pour lancer le débat, premier du genre pour un syndicat policier, Alliance a choisi de projeter le film «Bac Nord», qui s'inspire de l'histoire vraie de trois policiers mis en cause pour leurs dérives dans les quartiers Nord de Marseille. A gauche, la candidate PS Anne Hidalgo et le communiste Fabien Roussel ont décliné l'invitation, tout comme Yannick Jadot (EELV). Quant au leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui selon Alliance «ne fait que prôner la haine anti-flic», le syndicat ne l'a pas invité. Le patron de la France insoumise, candidat de gauche le plus haut dans sondages autour de 10%, a préféré aborder, avec Christiane Taubira, Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Fabien Roussel, une autre problématique chère à leur famille politique, le mal-logement, à l'occasion de la publication du rapport 2022 de la Fondation Abbé Pierre. Sur RTL, Yannick Jadot a déjà estimé sur RTL que la facture énergétique des Français liée à leur domicile pourrait être réduite de «600 à 700 euros» par an s'il était élu. Il a notamment cité «10 milliards d'investissements sur les logements», qui permettraient via leur rénovation «700 euros d'économies par an» sur la facture énergétique des Français et l'emploi de «100.000 artisans sur tous nos territoires». La fondation dresse un constat sévère du quinquennat d'Emmanuel Macron, «pas à la hauteur» des enjeux à ses yeux, en pointant particulièrement les économies sur les aides au logement (APL), désormais calculées en fonction des revenus récents et non plus ceux remontant à deux ans auparavant. Les candidats interviendront dans l'après-midi. Quant au président Macron, il s'exprimera en vidéo. Après un conseil de défense sanitaire -levée mercredi de plusieurs restrictions liées au Covid- et un conseil des ministres, le chef de l'Etat prendra la direction des Hauts-de-France, coiffé de sa triple casquette de président, futur candidat et chef en exercice du conseil de l'UE. Auprès des ministres de l'Intérieur européens, il y parlera de l'immigration en Europe. Mais aussi social, avec l'annonce au coeur du bassin minier d'une nouvelle subvention de l'Etat de 100 millions d'euros pour la rénovation urbaine de ce territoire où les taux de chômage (15%) et de pauvreté (18,5%) sont très supérieurs à la moyenne nationale. Il doit aussi célébrer à Dunkerque la future implantation d'une «gigafactory» de batteries électriques par la start-up française Verkor, avec 1.200 emplois directs et 3.000 emplois indirects à la clé. Saisissant l'occasion, Marine Le Pen s'est, elle aussi, rendue dans la matinée dans les Hauts-de-France, dénonçant face à la presse «les promesses d'il y a cinq ans (qui) n'ont pas été tenues» en matière de logement, , et réclamant «un travail considérable de rénovation des logements et de l'espace public».