Les Etats-Unis ont accusé Pékin de revendiquer « illégalement » l'essentiel de la mer de Chine méridionale, rejetant les fondements géographiques et historiques des prétentions chinoises dans leur analyse juridique la plus détaillée à ce jour. Le département d'Etat américain a publié mercredi un nouveau numéro de sa série d'études intitulée « Limits in the Seas », qui met à jour une précédente analyse juridique de 2014 sur le même sujet. A l'époque, il mettait déjà en doute la légalité de la délimitation en « neuf pointillés » apparue sur des cartes chinoises pour considérer comme son territoire national la quasi-totalité de cette mer, au grand dam d'autres pays du Sud-Est asiatique. Or, la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye a jugé en 2016 que la Chine n'avait pas de droits historiques sur les ressources à l'intérieur de la ligne des « neuf pointillés », donnant raison aux Philippines. S'appuyant notamment sur cet arbitrage, la diplomatie américaine écrit à présent que Pékin « revendique illégalement la souveraineté ou une forme de juridiction exclusive sur l'essentiel de la mer de Chine méridionale ». « Ces revendications sapent gravement l'Etat de droit dans les océans et de nombreuses dispositions universellement reconnues du droit international » contenues dans la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, ajoute le département d'Etat. En réaction, Pékin a accusé jeudi les Etats-Unis de « manipulation politique ». « Le rapport américain déforme le droit international, induit l'opinion en erreur […] et vient perturber la situation régionale », a affirmé devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. Selon le rapport de Washington, l'invocation de « droits historiques » par la Chine pour réclamer le contrôle de certaines portions de cette mer est « illégale », tout comme ses prétentions sur certaines « îles » qui n'ont, d'après Washington, aucun fondement « géographique », s'agissant de zones submergées à marée haute. « Les Etats-Unis appellent à nouveau la République populaire de Chine à mettre ses revendications maritimes en conformité avec le droit international », « à respecter la décision du tribunal arbitral » et « à cesser des activités illégales et coercitives en mer de Chine méridionale », a déclaré le département d'Etat dans un communiqué. En 2020, Mike Pompeo, qui était le secrétaire d'Etat du président Donald Trump, avait explicitement soutenu les revendications de pays d'Asie du Sud-Est en mer de Chine méridionale, allant au-delà de la position américaine traditionnelle consistant à critiquer la position chinoise sans prendre position pour d'autres Etats. Cette mer est l'un des principaux points de friction entre Washington et Pékin, dont les relations sont tendues à l'extrême également autour du sort de Taïwan et de Hong Kong, des droits de l'Homme ou encore des questions commerciales.