Pour la 9e fois depuis le début de la crise du Covid, Emmanuel Macron s'adresse solennellement aux Français à 20H00 pour promouvoir le rappel vaccinal face au rebond de l'épidémie et évoquer les priorités de la fin du quinquennat. Le chef de l'Etat a réuni mardi matin un Conseil de défense sanitaire pour trancher sur le sujet le plus urgent: comment pousser les Français éligibles à une 3e dose – plus de 65 ans, soignants, obèses, victimes de comorbidités – à franchir le pas. Voire, à terme, toute la population. Alors que le nombre de cas quotidien remonte et que des études montrent une baisse de l'efficacité vaccinale au bout de quelques mois, l'exécutif compte sur une dose de rappel pour éviter une nouvelle vague. A ce stade, seules 3,4 millions des 7,7 millions de personnes éligibles ont été revaccinées. « On voit que le simple fait que le président de la République prenne la parole, il y a une dynamique sur Doctolib de rendez-vous qui se prennent », note la députée LREM Aurore Bergé sur LCI. La piste la plus évoquée, celle de conditionner le maintien du pass sanitaire à la dose de rappel, « est sur la table », a indiqué vendredi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Plusieurs scénarios sont envisagés: parmi ceux-ci, le chef de l'Etat pourrait annoncer cette conditionnalité pour tous les plus de 65 ans. Lier le pass sanitaire à la troisième dose est loin de faire l'unanimité: l'Académie de médecine s'est prononcée contre, invoquant un possible problème d'acceptabilité. Autre obstacle, pour ceux qui souffrent de comorbidités, la mesure pourrait soulever un problème technique et aller à l'encontre du secret médical. Le pass « reconnaît votre âge, mais pas votre diabète », relève une source gouvernementale. Le chef de l'Etat pourrait enfin choisir de recommander le rappel pour tous, comme vient de l'annoncer l'Italie après Israël et l'Allemagne. La Haute autorité de santé a pour sa part estimé dans un avis lundi soir « qu'il n'y a « pas lieu pour le moment de modifier ses recommandations quant à la pertinence d'un rappel en population générale, même s'il est probable que celui-ci soit nécessaire ultérieurement ». C'est le scénario évoqué par Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des Territoires. « Ce sera une intervention sur la nécessité de cette 3ème dose pour les plus de 70 ans mais aussi pour les autres générations », a-t-elle dit sur Public Sénat. Une déclaration espérée par Karine Lacombe, cheffe du service maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine, qui a réclamé sur France Inter de « la généraliser à tout le monde », comme Benjamin Davido, infectiologue, qui a souhaité sur Cnews l'annonce d'un calendrier clair: rappel après six à sept mois. La majorité cherche cependant à ne pas rallumer de polémiques sur ce sujet sensible, une semaine après le débat houleux au Parlement sur l'extension possible du pass sanitaire jusqu'au 31 juillet 2022. « Le pass sanitaire, ça ne peut pas être la société du contrôle permanent », a encore protesté mardi le sénateur LR Bruno Retailleau. Le chef de l'Etat devrait prendre la défense de cette autorisation préventive, sachant que l'avis du Conseil Constitutionnel sur la loi qui l'autorise est attendu vers 17 heures, juste avant son discours. Le rebond épidémique a déjà eu une première conséquence: le retour lundi du masque pour les élèves des écoles de 39 départements métropolitains et de la Réunion. Politiquement, cette allocution devrait permettre au chef de l'Etat de reprendre l'initiative à cinq mois du premier tour de la présidentielle. Il intervient le jour où ses rivaux potentiels se succèdent à Colombey-les-deux-Eglises pour un hommage à Charles de Gaulle et au lendemain du débat des candidats à l'investiture LR. Emmanuel Macron devrait évoquer les réformes, comme celle de l'assurance-chômage et celle des retraites qui reste en suspens. Le 12 juillet, il avait lié cette réforme à une sortie de la crise sanitaire, que le rebond épidémique éloigne. Le chef de l'Etat subit aussi une pression de ses rivaux pour parler travail et revalorisation des salaires, largement évoquée par les candidats potentiels LR. A gauche, on dit ne « rien » attendre de l'allocution d'un « président en campagne ». Vantant son bilan, Emmanuel Macron pourrait enfin évoquer ses initiatives à l'international, comme ce « Forum de Paris pour la paix » qu'il réunit en fin de semaine ainsi que ses projets pour la présidence française de l'Union européenne, sans oublier l'environnement, en pleine COP26.