Selon une résolution adoptée le 21 Octobre dernier, par le Parlement européen, l'Union européenne s'est engagée à renforcer ses liens avec Taïwan au risque d'irriter la Chine alors qu'un accord similaire conclu avec Pékin en 2020 avait vu son processus de ratification gelé suite aux sanctions visant plusieurs personnalités chinoises accusées de violation des droits de l'homme dans le dossier concernant la minorité musulmane ouïgoure. Aussi, dans une déclaration faite au nom de Josep Borell, le président de la Commission européenne, la vice-présidente, Margrethe Vestager, a déploré la «pression accrue» de Pékin sur Taïwan, dénoncé la présence militaire chinoise dans le détroit dès lors qu'elle risque d'avoir un impact sur «la sécurité et la prospérité» de l'Europe, lancé un appel au «dialogue» et à «la fin des actions unilatérales pouvant accroître les tensions dans le détroit» mais rappelé, néanmoins, aux autorités chinoises, que l'UE n'évoquera pas une éventuelle indépendance de l'île de Taïwan même si cette dernière partage les «mêmes idées» que les Européens. Aussi, lors de leur réunion à Strasbourg, les députés européens «vivement inquiets» de l'attitude de «belligérance» de la Chine vis-à-vis de Taïwan et désireux d'en «faire davantage pour répondre à ces tensions et pour protéger la démocratie taïwanaise», avaient voté, ce jour-là, par 580 voix contre 26, un texte soulignant la nécessité de lancer «une étude d'impact, une consultation publique et une étude exploratoire» sur un accord d'investissement avec Taïwan et proposant de changer la dénomination «Bureau européen de représentation économique et commerciale à Taïwan» en «Bureau de l'Union européenne à Taïwan» afin de refléter l'élargissement des relations entre les deux parties. Mais si la Chine qui considère Taïwan comme faisant partie de son territoire avait vivement condamné ce vote par la voix de Wang Wenbin, le porte-parole de la diplomatie chinoise qui avait, par ailleurs, invité le Parlement européen à mettre un terme «aux paroles et aux actions qui sapent la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine», le ministère taïwanais des Affaires étrangères avait salué une telle initiative dès lors qu'elle ouvre la voie à une «nouvelle étape» dans les relations entre Taïpeh et l'Union européenne alors même que ni l'UE ni ses Etats membres pris individuellement, n'ont, à ce jour, noué de liens diplomatiques formels avec Taïwan. La tension entre Pékin et l'Union européenne a redoublé d'intensité avec la visite effectuée par Joseph Wu, le chef de la diplomatie taïwanaise, la semaine dernière, à Bruxelles d'où il a participé, en visioconférence à la réunion tenue à Rome en marge du sommet du G20 par l'Alliance internationale parlementaire contre la Chine (IPAC) avant de se rendre, par la suite, en République Tchèque et en Slovaquie. Et, pour couronner le tout et bousculer encore plus Pékin, une délégation de la Commission spéciale du Parlement européen sur la désinformation et les ingérences étrangères dans les processus démocratiques (INGE), conduite par l'eurodéputé français Raphaël Gluksmann, s'est envolé, ce 2 novembre, pour Taipeh à l'effet d'y rencontrer la présidente Tsai Ing-wen et plusieurs ministres de son gouvernement. Après le renforcement de ses liens avec Taïwan, l'Union européenne finira-t-elle par soutenir l'indépendance de l'île et inviter ses Etats-membres à suivre cette voie?