Nabil El Bousaadi Si le 28 Août 2020, le Premier ministre japonais d'alors, Shinzo Abe, avait pris tout le monde de court en annonçant sa démission surprise pour raisons de santé, le même scénario s'est reproduit, ce vendredi 3 septembre 2021. En effet, à l'issue d'une réunion exceptionnelle des cadres du Parti Libéral Démocrate, au pouvoir, et une année seulement après sa prise de fonction, son successeur, Yoshihide Suga, 72 ans, a déclaré avoir pris la décision de ne pas se présenter à l'élection à la présidence de son parti, prévue le 29 septembre prochain et, comme l'écrira, sur son site internet, la chaîne publique NHK, renoncé « de fait au poste de Premier ministre » à l'expiration de son mandat qui intervient à la fin du mois. Pour officialiser cette décision, Yoshihide Suga a déclaré, lors d'une conférence de presse improvisée quelques instants plus tard : « Cela fait un an que j'occupe le poste de Premier ministre et j'ai toujours fait feu de tout bois afin de mettre l'épidémie sous contrôle et de résoudre d'autres problèmes du pays (...) J'ai fait part de mon choix de ne pas me présenter à l'élection à la présidence du PLD [prévue pour le 29 septembre] afin de me concentrer sur la lutte contre l'épidémie (car) se préparer au scrutin tout en (se) consacrant entièrement à la lutte contre le Covid-19 demanderait une énergie gigantesque ». Mais, à en croire le « Japan Times », c'est plutôt la gestion défaillante de la crise sanitaire du coronavirus par le Premier ministre alors qu'elle reste « la préoccupation n°1 du public » et l'organisation des jeux olympiques en pleine épidémie qui témoigne d'une flagrante irresponsabilité qui ont fait que le Premier ministre a perdu aussi bien le soutien du public que celui de son parti. D'ailleurs, pour marquer leur désapprobation et leur profonde colère, de nombreux japonais ont manifesté à plusieurs reprises pendant le déroulement des compétitions olympiques. S'étant heurté, ces derniers temps, aux réticences de plusieurs cadres de son parti après qu'il ait vainement tenté d'assembler, autour de lui, une coalition de courants « droitiers » susceptibles de lui assurer une réélection en douceur, Yoshihide Suga, dont l'impopularité n'a pas cessé de croitre, n'avait plus d'autre issue que celle de démissionner. En considérant, par ailleurs, que le LDP, qui domine la vie politique nippone et porte traditionnellement son secrétaire général à la tête de l'exécutif, est majoritaire à la chambre basse, il est donc quasiment certain que le vainqueur du scrutin sera le prochain Premier ministre et que celui-ci sera, sans nul doute, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Fumio Kishida, 64 ans, doté d'une longue expérience dans les affaires publiques après avoir occupé plusieurs postes ministériels. Aussi, en ce moment où, selon la base de données de l'Université Johns-Hopkins (Baltimore), le Japon a déjà enregistré plus de 1,5 millions de contaminations au Covid-19 et déplore 16.000 décès, Fumio Kishida, qui est sûr de sa victoire, a, d'ores et déjà, promis d'apporter une réponse ferme à l'épidémie et d'adopter tout un train de mesures destinées à protéger la santé de ses concitoyens. Fumio Kishida sera-t-il le prochain Premier ministre du Pays du soleil levant ? Tout le laisse entendre mais attendons pour voir...