Le gouvernement japonais de coalition de centre-gauche a perdu dimanche la majorité qu'il détenait au Sénat, une défaite qui va compliquer la politique de réformes prônées par le Premier ministre Naoto Kan. Selon un sondage effectué à la sortie des urnes par la télévision publique NHK, le Parti Démocrate du Japon (PDJ), au pouvoir depuis sa large victoire aux législatives d'août 2009, obtiendrait entre 44 et 51 sièges sur les 121 qui étaient soumis aux suffrages. Pour conserver le contrôle du Sénat, la coalition formée des Démocrates et du Nouveau Parti du Peuple (NPP), petit parti nationaliste, devait impérativement remporter au minimum 56 sièges, dont 54 pour le seul PDJ. Cette défaite n'a pas de conséquence sur le maintien au pouvoir de M. Kan, car le PDJ est largement majoritaire à la Chambre basse du Parlement, mais elle va le contraindre à rechercher de nouvelles alliances pour faire adopter ses réformes. "Les sondages sortis des urnes sont difficiles", a déclaré Goshi Hosono, secrétaire général adjoint du PDJ. "Le Premier ministre Kan a tenu des propos audacieux au sujet des finances de l'Etat. Malheureusement, ce message n'est pas passé auprès des électeurs". Les Japonais ont apparemment voulu sanctionner le PDJ après les commentaires de M. Kan sur une éventuelle hausse de la taxe sur la consommation, actuellement de 5%. Le Premier ministre, nommé il y a à peine un mois, paye également les erreurs commises par son prédécesseur, Yukio Hatoyama, qui a démissionné après moins de neuf mois en raison de son impopularité et de son incapacité à gouverner. Le Parti Libéral-Démocrate (PLD), principale force d'opposition, sort grand vainqueur de ce scrutin, raflant entre 46 et 52 sièges, soit beaucoup plus que les 38 qu'il remettait en jeu. Ce grand parti conservateur a gouverné le Japon pendant plus d'un demi-siècle, avant d'être battu par les Démocrates l'été dernier. Votre Parti, une toute jeune formation politique créée en 2009 par des dissidents du PLD, fait également un score remarqué, compris entre 8 et 11 sièges, ce qui pourrait lui permettre de jouer un rôle dans une future coalition. Interrogé sur la chaîne privée TV Tokyo, le président de ce parti, Yoshimi Watanabe, n'a pas exclu un tel accord. "C'est possible. Mais ce que le PDJ a fait jusqu'à présent est complètement différent de ce qu'il avait promis au départ", a-t-il dit, soulignant que les Démocrates avaient "renoncé à retirer du pouvoir à la bureaucratie". Votre Parti milite contre la toute-puissance des hauts fonctionnaires et en faveur de la décentralisation. Il prône la réduction de moitié des impôts sur les entreprises, mais est opposé dans l'immédiat à la hausse de la taxe sur la consommation.