La validation, le 1er Juillet, par la Cour Suprême des Etats-Unis, des fameuses «lois électorales controversées de l'Etat d'Arizona» dont la première interdit de confier son bulletin de vote anticipé à un tiers pour qu'il le dépose dans un centre de vote s'il ne s'agit pas d'un membre de la famille proche et la seconde disqualifie les bulletins déposés dans un bureau différent de celui dans lequel l'électeur est inscrit, est une décision susceptible de peser lourdement sur le droit de vote des minorités avec un enjeu politique très fort dans la mesure où ces dernières votent traditionnellement pour le parti démocrate. Si la Cour Suprême des Etats-Unis a reconnu que ces lois créent bien une «disparité dans le taux de participation» concernant notamment les Amérindiens dans les réserves, le juge conservateur Samuel Alito, intervenant au nom de la majorité, a tenu, toutefois, à affirmer que «le simple fait qu'il y ait un écart ne veut pas systématiquement dire que le système n'est pas ouvert (car) chaque loi électorale impose, d'une manière ou d'une autre, un fardeau sur les électeurs» du moment que l'intérêt «légitime» de l'Etat «est la prévention de la fraude». Autant de raisons pour lesquelles, après que les six juges conservateurs aient justifié leur décision par la nécessité de lutter contre la fraude électorale, le parti républicain a salué «une victoire retentissante pour l'intégrité des élections » alors que les trois juges « progressistes» ont, de leur côté, dénoncé un arrêt «tragique» qui a « profondément déçu » le président Joe Biden car il « ape» le «Voting Rights Act» tel qu'il avait été adopté en 1965 dans le cadre de la lutte pour les droits civiques et complique davantage l'accès aux urnes pour les minorités. C'est donc après avoir déjà invalidé, en 2013, le premier volet de ce texte qui, pendant des années, avait tenu les électeurs noirs à l'écart des urnes dans le sud des Etats-Unis en imposant aux anciens Etats ségrégationnistes d'obtenir le feu vert du gouvernement fédéral avant d'adopter toute nouvelle régulation électorale, que la Cour Suprême s'est attaquée, ce jeudi, au deuxième volet de cette loi qui interdisait l'adoption de toute règle ayant pour conséquence de limiter l'accès au vote d'un groupe minoritaire. Pour rappel, lors de la dernière élection présidentielle, la mobilisation des électeurs noirs avait été tellement profitable à Joe Biden que Donald Trump n'avait eu de cesse d'invoquer des « trucages » en s'appuyant sur le recours massif au vote par anticipation quand bien même il n'était parvenu à apporter aucune preuve corroborant de telles accusations. Voyant qu'en prétextant la fraude, les élus républicains de plusieurs Etats ont, depuis Janvier, resserré leurs lois électorales et bloqué, dernièrement le passage d'un texte, Joe Biden a dénoncé «un assaut contre les droits civiques» attentatoire à la démocratie et appelé, en conséquence, ses compatriotes à «se battre pour l'adoption au Congrès» d'une loi qui protègerait le droit de vote. Considérant, enfin, que les nouvelles restrictions n'ont pour effet que celui de compliquer l'accès aux urnes pour les minorités, les démocrates ont introduit des « recours pour invalidation » mais ceux-ci sont restés lettre morte. La bataille s'annonce ardue ; alors, attendons pour voir...