Mohamed Cheikh Biadillah, président de la Chambre des conseillers affirme que si l'absentéisme était une tumeur, il aurait été possible de l'éradiquer. Malheureusement il parait que ce phénomène est une maladie qui ronge les tissus de notre société, à tous les niveaux. C'est en ces termes que l'ex ministre de la santé et actuel locataire de la chambre haute, s'est exprimé lors d' une conférence de presse donnée jeudi dans l'enceinte de l'Espace Day Ould Sidi Baba, inauguré le même jour, en signe d'hommage à l'ancien président du parlement. Concernant l'absentéisme d'abord, Biadillah s'est montré perplexe devant ce qu'il nomme comme étant cette «maladie parlementaire par excellence non seulement au niveau marocain, mais au niveau international » et qui constitue un phénomène «complexe et difficile» à résoudre malgré les mesures disciplinaires prise à cet égard. Biadillah a déclaré que lors de la séance de clôture de la session d'avril du parlement, le nombre des parlementaires présents n'ont pas dépassé une quarantaine d'élus. De ce fait, il est impossible de prendre des mesures disciplinaires contre les 250 personnes absentes. Le parlement en premier lieu, le gouvernement et les partis politiques doivent encadrer les parlementaires, les contrôler et les interpeller. De l'avis de Biadillah l'absentéisme est aussi lié à la sensibilisation des parlementaires et à leur niveau de conscience. La Chambre a entrepris des démarches pour résoudre les problèmes logistiques : défraiements, transport et séjour à Rabat et qui sont sur la voie d'application, mais Biadillah est sûr que ces mesures ne vont pas résoudre le problème. S'agissant de la commission des vingt en charge du contrôle des finances de la Chambre des conseillers et qui ne s'était pas réunie depuis longtemps, Biadillah envisage de la convoquer dès l'année prochaine : «Quand je suis venu, j'ai trouvé la commission des vingt dans le coma» a-t-il annoncé. Par rapport au point d'information stipulé par le règlement intérieur et qui suscite une polémique entre le gouvernement et les conseillers, il est devenu «un acquis et tous les groupes parlementaires s'y tiennent» a-t-il indiqué, regrettant qu'il s'agisse d'un article anti-démocratique puisqu'il donne droit aux présidents de groupes de prendre la parole au début des sessions plénières consacrées aux questions orales, pour réagir par rapport à une actualité, mais ne donne pas au gouvernement le droit de réponse. «Nous sommes en train de chercher de nouvelles démarches pour trouver un équilibre entre cet acquis et le droit de réponse» a-t-il martelé. Par ailleurs, et concernant la chaîne parlementaire, Biadillah a indiqué que la Chambre est en période d'évaluation de la transmission télévisuelle durant 12 années, pour disposer d'«indicateurs objectifs» sur l'audience et décider par la suite du sort de ce projet relatif à la dite chaîne. Le président de la deuxième chambre s'est montré préoccupé par le phénomène du zapping à faible taux d'audience des chaînes nationales, surtout que ce taux oscille entre 8 à 10 % quand il s'agit d'émissions les plus importantes. Selon lui, il ne faut pas prendre le risque de lancer une nouvelle chaîne sans disposer d'indicateurs objectifs et donc, ne pas alourdir le paysage télévisuel par une autre chaîne sans rendement. En revanche, des discussions sont entreprises avec les responsables des deux chaînes, en vue d'améliorer le rendement et les taux d'audience actuels. Concernant les propositions de loi concoctées par les conseillers, ils sont au nombre de 55 propositions qui attendent l'aval du gouvernement. Biadillah reconnaît toutefois, la difficulté pour les parlementaires, de préparer une proposition de loi qui nécessite des moyens, benchmarkings et des techniques constitutionnelles. En réponse à une question concernant le degré d'autonomie financière de la chambre des conseillers Biadillah affirme que cette autonomie ne peut exister en l'absence de production et recettes «nous avons les ressources que nous demandons, aucune demande ne nous est refusée».