N'Djamena : 7eme Sommet des Chefs d'Etat des pays du G5 Sahel Le 7ème Sommet des Chefs d'Etat des pays membres du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et leurs partenaires a ouvert ses travaux, lundi à N'Djamena, avec la participation du Maroc. Ce Sommet de deux jours qui sera axé notamment sur les questions de développement au service des peuples, fera le point sur l'évolution des actions du G5 Sahel. Le Tchad, qui assure la présidence tournante du G5 Sahel durant cette année, veut impulser, en concertation avec ses partenaires, une nouvelle dynamique en mettant le G5 Sahel au service du peuple. Le ministre tchadien de l'Economie, de la Planification du Développement et de la Coopération internationale, Issa Doubragne, a noté dans ce sens que «les priorités de cette présidence seront celles de la valorisation des acquis et du recentrage des enjeux liés au développement». «Nous allons engager le G5 Sahel dans les questions stratégiques des programmes et des projets structurants dans les cinq secteurs prioritaires que sont l'énergie (avec le projet Desert to power), les infrastructures (des annonces seront faites sur le futur chemin de fer), les filières porteuses, les TIC et bien évidement le capital humain avec comme cibles prioritaires les femmes, les jeunes et les ruraux », a souligné le ministre. Le Royaume participe à ce Sommet avec une délégation conduite par le Chef du gouvernement, M. Saad Dine El Otmani, qui conduit une délégation représentant SM le Roi Mohammed VI. A l'ouverture des travaux de ce sommet, El Otmani a déclaré que la victoire durable contre le terrorisme sera sur le terrain du développement humain et la lutte contre ce fléau se poursuivra sur les fronts politique, économique, social, intellectuel et humain. "Nous ne sommes pas et nous n'avons jamais été spectateurs de ce qui se passe au Sahel", a dit M. El Otmani qui se tient lundi et mardi dans la capitale tchadienne. Réitérant la solidarité du Maroc avec les pays de la région pour contrer cette menace terroriste, M. El Otmani a relevé que "ce n'est pas le premier sommet auquel le Maroc prend part". "J'en ressens le privilège et la responsabilité de la proximité entre mon pays et les vôtres", a dit le Chef du gouvernement, rappelant le discours du Souverain devant le Parlement tunisien en mai 2014, dans lequel SM le Roi a notamment souligné qu'"il se berce d'illusion celui qui s'imagine qu'un Etat peut, à lui seul, venir à bout des problèmes liés à la sécurité́ et à la stabilité. Car, en effet, l'expérience a démontré que les approches exclusives sont inopérantes pour faire face aux dangers sécuritaires qui guettent la région, surtout au regard des défis que connaît l'espace sahélo-saharien en matière de sécurité et de développement". Tout en rappelant que Sa Majesté le Roi a tenu à répondre favorablement à l'invitation qui Lui a été adressée par M. Mohamed Cheikh Ould EL-Ghazouani, Président de la République Islamique de Mauritanie, conjointement avec M. Idriss Deby Itno, Président de la République du Tchad et Président en exercice du G5 Sahel, M. El Otmani, qui a transmis aux participants les salutations fraternelles du Souverain, a salué au nom du Royaume du Maroc, la Mauritanie pour sa présidence réussie du G5-Sahel, alors même que 2020 –année de la Covid-19- a été d'une rudesse inédite et a félicité le Tchad pour son accession à la présidence du G5 Sahel. Le Maroc n'est pas et n'a jamais été spectateur des évènements qui surviennent au Sahel. "Comme vous, nous ne nous le permettons pas. Nous sommes solidaires de nos amis, les pays de la région, pour contrer cette menace qui nous touche directement", a affirmé M. El Otmani. Pour le Chef du gouvernement, la victoire durable sera sur le terrain du développement humain et la lutte contre le terrorisme se poursuivra sur les terrains politique, économique, social, intellectuel et humain, alors même que SM le Roi Mohammed VI tient à ce que l'action solidaire du Maroc se prolonge au-delà de l'urgence. "Ce sont cette expérience et cette expertise que le Royaume se propose de partager avec ses pays frères du Sahel, par des actions concrètes", a-t-il dit. Selon M. El Otmani, ce sommet intervient sept ans, jour pour jour, après la création du G5 Sahel qui n'a cessé de démontrer sa pertinence et a permis notamment d'incarner l'appropriation-même, en faisant des défis de chacun les défis de tous, et en organisant la riposte pour les contrer; de construire une cohérence stratégique autour d'objectifs opérationnels communs, et de réaliser par la même des victoires tactiques importantes et de transcender ses propres limites géographiques, par des alliances et des synergies internationales nouvelles. Pour autant, "nous nous réunissons encore pour redire toute notre détermination à vaincre l'ennemi qui, regardons la réalité en face, n'est pas encore hors d'état de nuire", a souligné M. El Otmani, faisant observer que bien que 2020 ait connu moins d'attaques que 2019, elle a aussi connu quelques-unes des pires attaques jamais enregistrées. Dans certains pays, le nombre des victimes a été multiplié par 5, alors que plus de 3,5 millions de personnes sont aujourd'hui réfugiées et déplacées internes et l'"Etat Islamique", qui est moribond ailleurs, continue de sévir au Sahel, où 41% des attaques entre 2019 et 2020 lui sont imputables, a ajouté M. El Otmani, soulignant qu'au moment où le G5 réussit à étrangler la franchise terroriste dans son espace d'intervention, les groupes armés cherchent à s'implanter dans des zones jusque-là épargnées et avancent jusqu'au Golfe de Guinée. Pour le Chef du gouvernement, la frontière entre terrorisme, séparatisme et criminalité transnationales organisées se fait encore plus ténue, les interconnexions sont lucratives, et donc grandissantes et le butin se chiffre en centaines de millions de dollars. Dès 2014, Sa Majesté le Roi a appelé dans Son Discours du Trône à "une riposte collective contre les organisations terroristes, qui trouvent un allié dans les bandes séparatistes et les hordes pratiquant la traite des humains et le trafic d'armes et de narcotiques, en raison de l'imbrication de leurs intérêts respectifs", a souligné M. El Otmani. Ainsi, la riposte immédiate contre le terrorisme est d'abord sécuritaire. Les groupes terroristes armés ne comprennent que le langage de la fermeté, a affirmé le Chef du gouvernement, soulignant que l'engagement militaire des partenaires du G5 sahel doit se poursuivre et se renforcer. Selon M. El Otmani, le Maroc continuera à apporter son soutien à la mise en place du Collège de Défense du G5 Sahel à Nouakchott, et à former les officiers originaires des pays frères du Sahel dans ses instituts de formation militaire. La lutte contre le terrorisme est également un combat sur le terrain des idées. Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine, veille à ce que le Maroc continue à former des imams issus de la région au sein de l'Institut Mohammed VI de Formation Des Imams Mourchidines Et Mourchidates. 937 inscrits des pays de la CEDEAO ont pris part aux cycles de formation au titre de l'année 2018-2019. Plusieurs centaines exercent déjà dans leurs pays d'origine, contribuant ainsi à contrer l'extrémisme religieux, a relevé M. El Otmani. "Par ailleurs, nous ne pouvons aujourd'hui tendre vers des réponses efficaces et multidimensionnelles au Sahel, sans prendre en charge la question de la désertification et du changement climatique. Plus de 12 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire, et l'impact sur l'agriculture est évalué à plus de 2 milliards de dollars par an d'ici 2030", a indiqué le chef du gouvernement, soulignant que le Maroc renforcera son engagement dans la Commission Climat pour la région du Sahel, créée à l'occasion du Sommet Africain pour l'Action Climat, tenue sous la présidence effective de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en 2016. "Ces défis multidimensionnels nous font mesurer l'importance non seulement de garantir un financement pérenne au G5, mais aussi de l'augmenter. Les promesses faites lors de la Conférence de coordination des partenaires et des donateurs pour le G5 Sahel, tenue en décembre 2018, à Nouakchott, doivent être tenues", a dit le Chef du gouvernement, notant qu'un effort financier supplémentaire de la communauté internationale est nécessaire, d'autant plus que la pandémie du COVID-19 a gravement affecté les économies de tous les pays du G5 Sahel, avec une contraction de leurs PIB de l'ordre de 8 à 10%. Par sa participation aujourd'hui, le Royaume du Maroc, fort de ses liens ancestraux avec les pays du Sahel et fidèle à sa vocation d'acteur engagé pour la promotion de la paix et de la stabilité en Afrique, réaffirme ici, devant vous, son engagement solidaire des pays du G5 Sahel et des autres pays de la sous-région pour contrer, ensemble, les menaces qui pèsent sur leur devenir et sur celui de toute la région, a conclu le Chef du gouvernement.