La pandémie de Covid-19 est entrée par effraction dans nos vies, partout dans le monde et sans épargner les espèces humaines et encore moins les organisations. Qu'elles soient publiques ou privées, les séquelles seront durables et devront être traitées avec une vision différente. Le retour à la normalité parait de plus en plus difficile. Dans une interview accordée à la MAP, Amine Baakili, président du Conseil national de l'Ordre des Experts-Comptables (OEC), relève que l'actualité nous montre bien que « naviguer en temps incertain n'est pas donné à tout le monde ». Si des entreprises se sont retrouvées asphyxiées, faute de trésorerie et de visibilité, plusieurs d'autres se sont agilement adaptées à la nouvelle conjoncture. Alors, « cette crise, peut-elle être une opportunité pour nos entreprises ? », s'interroge-t-il, en livrant sa perception de l'entreprise dont on aura besoin demain. Selon M. Baakili, construire une organisation de plus en plus agile, opter pour le travail à distance et l'intelligence collective, où l'autonomie est basée sur la confiance et sur la responsabilisation, sera « un enjeu majeur ». « Nos dirigeants doivent avoir une intelligence émotionnelle et un leadership fort. Ils doivent être dotés de deux compétences : la pensée et le leadership stratégique. En plus de ces compétences, ils doivent être créatifs pour s'adapter à un environnement sans cesse en mutation », souligne-t-il. En effet, la communication, la collaboration, la coopération et la pensée critique deviennent des compétences incontournables aujourd'hui pour réussir dans un monde de plus en plus incertain et dans lequel il faut conduire l'entreprise, précise le responsable. « Nous avons assisté à plusieurs cas d'entreprises qui ont pu s'adapter, et de manière très rapide à cette crise. Je donne des cas de sociétés, qui du jour au lendemain, ont adapté leur outil de production pour faire face à la demande actuelle (production de masques, de produits hydroalcooliques, les appareils de respiration...). Voilà un exemple de sociétés flexibles dont on aura besoin demain », dit-il. Sur le plan sociétal, il devient inéluctable de « revoir le contrat social et la manière dont nous interagissons ». La fiscalité devra réellement être « repensée afin d'installer durablement l'équité fiscale pour mieux répartir la charge et rendre nos entreprises plus compétitives », martèle-t-il. De l'avis de M. Baakili, il faut identifier des talents et les faire grandir afin qu'ils créent de la valeur dans l'esprit et dans une culture d'entreprise qui soit engageante et qui attire les meilleurs profils. Par conséquent, « et on ne le dit jamais assez : transformer une entreprise, c'est d'abord accompagner le management à comprendre le monde de demain et à développer le leadership nécessaire pour faire les choses justes », conclut-il.