DNES : Wahiba Rabhi (MAP) Touché de plein fouet par la crise induite par la propagation de la pandémie de Covid-19, le secteur du tourisme au Maroc reprend doucement après une chute libre ayant impacté l'économie nationale qui y tire une part importante de ses revenus. Avec l'assouplissement des restrictions sur les voyages, le tourisme interne semble donner, dans un premier temps, une lueur d'espoir à l'industrie touristique nationale bien que celui-ci soit encore paralysé par la fermeture de certaines villes. D'ailleurs, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), qui tient du 15 au 17 septembre à Tbilissi (Géorgie) la 112ème session de son Conseil exécutif avec la participation du Maroc, met en évidence le potentiel du tourisme interne au service du redressement économique de nombreuses destinations dans le monde. « Le tourisme interne devrait reprendre plus vite que les voyages internationaux, ce qui en fait, pour les pays développés et les pays en développement, un tremplin intéressant pour se rétablir des effets économiques et sociaux de la pandémie », a indiqué lundi l'institution spécialisée des Nations Unies qui a fourni plus tôt un aperçu complet de l'impact de la pandémie, à la fois en nombre de touristes et en pertes de revenus. Les chiffres sont éloquents. Le retrait du flux des arrivées internationaux est estimé entre 60% et 80% au titre de l'année 2020, ce qui conduira à une baisse des dépenses touristiques mondiales entre 800 et 1000 milliards de dollars soit -60% par rapport à l'année précédente. Au Maroc, l'impact estimé de cette crise pour l'année 2020 relève d'une baisse de 69% pour les arrivées touristiques, de 60% pour les recettes en devises et d'environ 50% de perte d'emplois, a souligné la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) dans sa note de conjoncture du mois d'août. Au terme des six premiers mois de cette année, les recettes ont accusé un repli de 33,2%, soit une perte de 11,1 milliards de dirhams. Le nombre des arrivées touristiques au Maroc s'est, lui aussi, replié de 63% à fin juin 2020 alors que le nombre des nuitées réalisées dans les établissements d'hébergement classés a reculé de 59%. « Une évolution plus favorable, bien que modeste, est attendue durant les prochains mois, nourrie particulièrement de la relance du marché touristique local », selon les analystes de la DEPF qui nourrissent leur optimisme à partir des mesures sanitaires instaurées par les autorités, fin juin, autorisant l'ouverture de l'activité d'hébergement touristique, conditionnée par des mesures permettant, dans un premier temps, l'exploitation uniquement de 50% des capacités d'hébergement, conjuguée à la reprise des vols domestiques. A cela s'ajoute les dernières décisions du gouvernement, notamment l'octroi des allocations de la CNSS jusqu'à la fin de l'année aux employés ayant droit, ainsi que l'ouverture des frontières aux étrangers sous certaines conditions. Sauf que, pour les professionnels du secteur, ces mesures sont insuffisantes pour sauver l'industrie, d'autant plus qu'il faudra du temps pour rétablir la confiance des voyageurs et retrouver les niveaux d'avant crise. A moyen terme, la réponse du Maroc à la crise sanitaire pour redresser le secteur du tourisme se traduit par un contrat programme alliant acteurs publics et privés et recouvrant la période 2020-2022. Ledit plan s'articule autour de trois piliers importants : la préservation du tissu économique et de l'emploi, l'aide au démarrage et la restructuration complète du secteur. Si l'on voit la lumière au bout du tunnel pour le tourisme marocain, la pandémie de Covid-19 ne semble pas près de terminer en dépit des efforts mondiaux pour mettre au point un vaccin. Le grand challenge aujourd'hui est de maintenir debout ce secteur qui est un véritable fleuron national. Et puis, il ne faut pas oublier que le Maroc a toujours démontré sa capacité à tirer le meilleur même des situations les plus difficiles.