Une fontaine à Agadir, une bien vraie, ce ne serait pas mal comme idée ! En fait, l'art fontainier a toujours été un acte de prestige, dans une cité qui s'apprête à naître et prospérer. Dans la capitale du Souss, en pleine action de refonte tous azimuts, on avait enfanté, avec cœur et métier, la fameuse «place de l'espoir», truffée de jets d'eau lumineux, en toute phosphorescence. Ce fut un moment de volupté intense que d'aller y faire une balade nocturne en famille, les cheveux hirsutes et les sens ensorcelés, sur cette esplanade féerique. Aujourd'hui, ce site récréatif de fierté urbaine moisit dans le brouillamini exaspérant. Il fait fonction de lieu d'implantation de structures de musique et de chapiteaux pour divers événementiels ou de parkings en saison estivale. Pis encore, les cascatelles ruisselantes dont le filet d'eau revigorait les citoyens en liesse, tarissaient à mort et subissaient le chaos assassin. Cet espace de rêve qui faisait la fierté de toute une région, fut soumis à l'usure et l'abandon, à la grande frustration de ses visiteurs locaux et nationaux. De même, on a eu l'idée il y a des lustres, de mettre au monde deux fontaines de dimensions différentes, sur l'impasse d'Aït Souss, pour donner vie à ce tronçon exquis, aux lampadaires et chaussées piétonnes. Un sursaut de portée hautement civique, puisqu'il procure aux déambulants une sensation de placidité et de bien-être. Seulement, encore une fois, on jugeait bon de mettre souvent à l'arrêt les jets d'eau, par intermittence, sans aucun souci d'entretien ni de novation, à tel point que cet eldorado devenait un réel ennui pour les flâneurs des randonnées. Un peu plus tard, on se ressaisit du côté du conseil de la préfecture pour fonder, au niveau du secteur balnéaire, une poignée de fontaines thématiques sur toile de fond d'embarcation navale. Là aussi, on s'attendait à mieux, mais au fil du temps, ces petites «inventions» ont dû tomber dans la médiocrité, aux plans du concept et du mécanisme. D'autant plus qu'elles ne fonctionnent que par périodes saccadées, à la déception de ses hôtes dans cet endroit à vocation touristique. Des échecs qui se suivent, sans que cette destination cosmopolite ne soit dotée d'une véritable fontaine, digne de son registre métropolitain. La construction d'une fontaine de cette envergure pourrait toujours paraître à certains, comme un luxe superflu, mais, croyez-moi, ce n'est pas du tout le cas pour une ville naissante comme Agadir dont les résidents et les visiteurs ont besoin de se sentir ravivé, le soir, face à cet écoulement d'eau rafraîchissante, à l'instar de nombre de ses semblables à Marrakech, Rabat ou Casablanca pour ne citer que ces villes. Il serait peut-être judicieux de penser à monter une grosse fontaine sur le dernier giratoire du barreau est/ouest, débouchant sur le quartier Founty. Ce serait, sans doute, un splendide prolongement de la façade attractive d'Agadir Bay vers son City Centre en plein chantier, avant de faire l'entrée solennelle sur la ville par les avenues Mohamed V ou Hassan II.