Une Coupe, et ça repart: la finale de la Coupe de France, vendredi (21h10), marque le retour du football de compétition dans l'Hexagone. Le Paris SG, opposé à Saint-Etienne, rêve de faire grand bruit dans le drôle de silence d'un Stade de France quasiment vide. La doyenne des coupes en a vu beaucoup depuis sa création en 1917, mais cette fois-ci, il s'agira bien d'une première. Entre le protocole sanitaire contraignant, la jauge de 5.000 personnes dans le stade ou les cinq remplacements autorisés, la « Vieille dame » a dû réécrire sa tradition pour s'adapter à la pandémie de Covid-19. La présence du président de la République Emmanuel Macron sera l'un des rares repères à avoir résisté autour de cet événement, l'habituelle conclusion d'une saison qui, aujourd'hui, en ouvre une nouvelle. Après l'arrêt anticipé de la Ligue 1 au printemps, Parisiens et Stéphanois se préparent à jouer la première rencontre officielle en France depuis le 10 mars, une reprise bienvenue pour un secteur qui chiffre en centaines de millions d'euros ses pertes liées à l'interruption du Championnat. « Le foot est enfin de retour! », se réjouit en une Le Parisien. « Une énorme envie », lui répond L'Equipe. « C'est un moment différent de tous les autres, c'est historique », reconnaît le capitaine du PSG Thiago Silva. Si la reprise de la compétition paraît une bonne nouvelle pour les clubs, le contexte particulier risque de déboussoler les plus fidèles supporters. Le Stade de France (81.000 places), quasiment vide en raison de la limitation du public et du boycott des ultras des deux camps, donnera une image déroutante qui tranche avec la réputation populaire de la Coupe de France, qui réunit amateurs et professionnels. Ce sera une finale « au goût amer », a déjà déploré un groupe de supporters de Saint-Etienne. Le club ligérien a d'ailleurs racheté le maigre quota de 900 places qu'il devait vendre au grand public pour les laisser libres. « Quand on est un joueur de football, ce n'est pas ce qu'on aime. Le foot reste, avant tout, un jeu et un spectacle, donc devant des tribunes pleines », explique le capitaine stéphanois Loïc Perrin. « Faire oublier le vide », titre d'ailleurs le quotidien régional Le Progrès, qui suit l'ASSE. Les Verts attendaient pourtant de revivre une finale de Coupe de France depuis 1982, et une défaite aux tirs au but de l'équipe de Michel Platini face au… PSG, qui remportait là son premier titre majeur. « Il y a un titre magnifique à aller chercher. J'espère qu'on aura la bonne surprise de pouvoir soulever la coupe vendredi », renchérit le défenseur, vainqueur de la Coupe de la Ligue avec Saint-Etienne en 2013. Au « monde d'après » ses nouveaux repères, comme le fait que le trophée sera décerné sur la pelouse, et non en tribune présidentielle. Mais une vieille chanson risque d'être jouée: celle du Paris SG qui écrase la concurrence nationale. L'équipe de Neymar et Kylian Mbappé aborde cette finale comme grande favorite, après une préparation qui l'a vue marquer 20 buts et n'en encaisser aucun en trois rencontres amicales. Cette montée en puissance a fait oublier la blessure du défenseur Juan Bernat, dont la fiabilité fera défaut. « Le plus important, c'est d'arriver frais, dans la tête et les jambes, avec le bon +spirit+, je pense qu'on a fait ça », a déclaré Tuchel, en quête de sa première Coupe de France, après son échec contre Rennes en 2019. L'une des interrogations concerne l'état physique de ses joueurs, alors que les titulaires n'ont jamais joué plus d'une heure. « Après quatre mois sans jouer, ce n'est pas possible de rejouer au plus haut niveau », estime Thiago Silva. « On va faire un bon match avec beaucoup d'intensité mais avec la tête, pour faire circuler le ballon et les faire courir. » Les cinq remplacements autorisés pourraient aussi faire parler la puissance du banc du PSG face à « Sainté », prévient le coach stéphanois Claude Puel. Paris doit rester frais, car son horizon va au-delà de cette finale: l'été de son cinquantième anniversaire, le club rêve d'un triplé historique, avec la Coupe de la Ligue (finale contre Lyon le 31 juillet) et la Ligue des champions (quart contre l'Atalanta le 12 août à Lisbonne). « Le plus important, c'est d'arriver au Portugal avec quatre titres (en comptant la L1 et le Trophée des champions, déjà remportées) », assure Tuchel. C'est le meilleur moyen de monter le volume dans des stades vides.