Les partis de l'opposition à l'heure du coronavirus Mohamed Khalil Initiés par la jeunesse socialiste(JS) en coordination avec la jeunesse istiqlalienne(JI) et l'organisation des jeunes du PAM Les secrétaires généraux des trois grands partis de l'opposition parlementaire, PAM, PI et PPS, ont profité dimanche soir, d'une conférence-débat à distance, sur le thème : «Rôle des partis de l'opposition face à la crise du coronavirus», pour aiguiser les armes et annoncer la couleur face à une majorité hétéroclite de plus en plus décriée et critiquée. Durant deux heures, Abdellatif Ouahbi, Nizar Baraka et Mohamed Nabil Benabdallah ont exposé leur lecture de l'actualité nationale; marquée notamment par la crise sanitaire née de la pandémie du coronavirus, amis aussi par la polémique née suscitée par le projet de Loi 22.20 sur l'utilisation des réseaux sociaux. Cette conférence, diffusée en direct sur les pages facebook des trois organisations de jeunesse, a été brillamment animée par notre confrère Mohamed Laghrouss, directeur de publication du site al3omk.com. Ce débat confiné a été axé autour de plusieurs thèmes notamment l'après Covid19, la protection des droits et libertés, le rôle de l'opposition,… mais surtout sur les perspectives des élections de 2021 et les scénarii d'alliance possibles. Compte rendu. Nabil Benabdalla, Nizar Barak et Abdellatif Ouahbi en sont convaincus : le Maroc a besoin d'un sursaut exptionnel et d'un souffle politique et démocratique fort pour sortir de ces deux crises : le Covid.19 et le vide gouvernemental. Il aura surtout besoin d'hommes politiques sincères, aguerris et déterminés pour mener le mateau à bon port. Une mission qui interpelle toutes les forces vice de la nation. Dès l'entame de cette conférence, Nabil Benabdallah, SG du PPS, a émis le souhait que «cette conférence pourra bien tracer les contours de ce présent et avenir de notre pays». Et de paraphraser Abdellatif Ouahbi pour dire que «c'est la pratique qui crée le présent et l'avenir». Pour Benabdallah, ces derniers jours ont été marquées par des positions pertinentes de l'opposition, notamment en matière de traitement de la question de la pandémie ou en ce qui concerne cet être étrange projet de loi 22 ; 20». Le leader progressiste a rappelé que «le gouvernement vient de nous gratifier, aujourd'hui, d'un communiqué, publié apparemment sous la pression» … Il dira que les partis de l'opposition font partie de ces forces qui ont exercé cette pression «à côté de la société marocaine dans son intégralité, à travers les réseaux sociaux». Selon l'orateur, ledit communiqué, fait dans la hâte, parle de report du projet en question. «Or, pour nous, il n'est pas question de reporter le projet. Notre revendication est claire et nette : il faudra le retirer purement et simplement». Car ce texte est «complètement en flagrante contradiction avec tous les principes démocratiques et avec les engagements universels du Maroc en matière des droits de l'homme et des libertés. Il est également en contradiction avec la Constitution». Benabdallah rappellera que, ce texte a été mijoté, «depuis le début dans des conditions suspectes, au sein d'un conseil de gouvernement», en date du 19 mars, en catimini, sans qu'il ne soit publié sur le site de SGG». Ensuite, c'est la Primature qui a accepté que ce projet figure à l'ordre du jour du Conseil de gouvernement du 19 mars 2020. Ensuite il a été «discuté et adopté par la majorité gouvernementale», avec «l'approbation de toutes les composantes de la majorité gouvernementale». Et une commission ministérielle s'était chargée de peaufiner le texte. Et «les jours passent… et du sein de ce gouvernement une fuite est organisée, dans le cadre de règlements de comptes internes au sein d'un gouvernement qui a prouvé à plusieurs reprises le manque de cohésion entre ses composantes, leurs dissensions et leur tiraillements multiples ainsi que les surenchères stériles», existantes et connues au sein de cette majorité. On nie en bloc … Ainsi le texte fut fuité et, face à la colère générale, le scandale et les réactions , notamment la notre en tant qu' opposition, voilà que les partis de la majorité gouvernementale «nient leur responsabilité dans ce texte, qui par un communiqué, qui par un éditorial…». Autrement dit, chacun de ces partis politiques dit «n'avoir aucun lien avec le texte refusé par tous»… Est-ce une pratique saine et sérieuse ? Est-ce l'image qu'il faudra donner de la crédibilité de l'action politique ?, s'est interrogé le leader du PPS. Et en guise de conclusion de cet épisode, il dira qu'il ne s'agit pas «de reporter ce projet et de nous le représenter après coronavirus . Car il est inacceptable en temps de corona comme dans l'après pandémie. Surtout qu'il réduit les libertés et qu'il est contradictoire avec la démocratie à laquelle nous aspirons». C'est pourquoi, «nous allons lui réserver une opposition farouche aussi bien au sein du Parlement, comme à son extérieur et ce par tous les moyens légaux», martella Benabdellah. A une question de l'animateur qui demandait s'il s'agit de déterminer la responsabilité, qui en serait responsable : le gouvernement dans son ensemble, la direction du PJD, à travers le chef de gouvernement, le ministre de la Justice ou à d'autres milieux…? Benabdallah répondra ; tous sont responsables. Le gouvernement est responsable politiquement. L'Exécutif, «en tant que entité et instance constitutionnelle, est responsable des textes qu'il présente, adopte et soumet au Parlement». Et tout ce beau monde était présent au conseil de gouvernement. Il n'est pas logique ni sérieux d'être au sein du gouvernement et nié sa responsabilité sur un texte adopté. L'orateur avança une autre preuve que le texte allait passer en catimini. «Il n'a pas été présenté au CNDH, alors qu'il s'agit de la pratique des libertés. Il ne l'a pas soumis à la HACA et pourtant il s'agit d'une question liée aux réseaux sociaux. Ni au Conseil national de la presse (CNP) dont le texte fondateur le stipule clairement». Au sujet de certaines critiques reprochant à l'opposition de «chauffer» la partie alors que le texte sera voté par le Parlement, Benabdallah estime que «ce projet de loi touche à l'une des constantes du pays consacrée par la Constitution : le choix démocratique». Aussi, en matière de légalisation, il y a tout ce qui peut « être positif et légiféré de bonne foi». Il y a la loi sur la presse, pour juger des recours liés aux médias. Le droit pénal, même s'il y a «un différend avec les hommes des médias qui ne veulent pas être jugés par le droit pénal»… Aujourd'hui, dira le dirigeant du PPS, «les services de sécurité et le Ministère public travaillent avec l'existant et rien ne leur manque pour parer aux fausses informations». Pour ce qui a trait aux sujets «liés à l'incitation à la violence, au terrorisme ou encore l'insulte et la calomnie, ou tous autres actes qui ne sont pas, par principe, acceptables, il y a un certain nombre de textes clairs qui existent» et que «nous pourrons penser à d'autres textes, de manière positive». Dès lors, s'est-il exclamé, Il n'y a pas que les intérêts. Il ne s'agit pas «de défendre certaines sociétés ou de grands groupes» commerciaux ou encore des personnes qui diffusent leurs produits au sein de nos foyers». Il y a les droits du consommateur et ceux des citoyens de dire, sans contraintes ni sanctions, que tel produit ne leur plait pas ou d'en contester la qualité. Ne pas revenir avec ce texte après Corona «Cela est grave, vraiment très grave», poursuivit-il. Avant d'enchaîner que les articles «dont nous parlons (14, 15 et 18) n'ont rien à voir avec la haine, ni incitation au terrorisme» ni rien de tel. Et de conclure que ce texte doit être retiré et ce gouvernement «doit avoir la responsabilité» pour le faire. «Je vous dis, sans surenchère, si nous n'étions pas en période de crise sanitaire, je vous aurais demandé de prendre une initiative commune, au vu de l'importance de cette loi et de l'attitude du gouvernement, qui au lieu de dire qu'il s'est trompé, a continué, en catimini, dans une ambiance de tiraillements». Notre initiative aurait consisté en « la présentation d'une motion de censure du gouvernement ou tout simplement de réclamer, publiquement, sa démission». Et de lui demander de nous «laisser traiter la pandémie et ses graves conséquences notre pays» et sa population. A une question des internautes qui se demandait pourquoi les partis de l'opposition n'ont pas participé à l'effort de solidarité et au Fonds créé pour vaincre le covid-19 , Benabdallah était catégorique; «Tous nos partis politiques ont contribué au Fonds de solidarité». N'oublions pas que «nous avons proposé, en tant que partis de l'opposition, la défalcation d'une contribution d'un mois sur la dotation annuelle qui nous est réservée par l'Etat», en tant que contributions partisanes. Aussi, tous nos partis ont «un nombre de responsables, à divers niveaux, dont par exemple des élus et d'autres, qui ont contribué de manière directe à ce Fonds, sans parler des contributions personnelles de milliers de membres d'adhérents qui ont effectué des contributions personnelles». Des démunis qui gémissent sous le poids de la privation Pour MNB, quand cette pandémie a atteint le Maroc, nous étions les premiers à ouvrir un débat interne afin de savoir comment le Maroc peut résister». Nous savons que nous gérons la crise avec» les capacités du pays, y compris le fonds créé suite à l'initiative, sage et visionnaire, de SM le Roi, avec ses 32 milliards de DH, recueillis grâce à la générosité de notre peuple». Cela n'est pas en mesure de supporter les impacts de la pandémie, qui seront plus durs les mois à venir. «Nous pensons fortement à ces catégories sociales démunies qui gémissent sous le poids de la privation, et dont la situation empire. Et ce malgré les efforts gigantesques entrepris par l'Etat et les mesures proactives prises par l'Etat, la création du Fonds et les efforts des pouvoirs publics et les mesures préventives en direction des entreprises affectées, des travailleurs impactés par la perte d'emplois et les aides aux populations nécessiteuses». Mais malgré tout cela, «dans les quartiers populaires et dans certains milieux des petits commerçants, comme les couches démunies n'ont pas reçu l'aide promise et manquent de moyens pour assurer un gagne pain quotidien afin de permettre aux leurs de résister en ces temps de privation et de confinement sanitaire. C'est à ces niveaux qu'il faudra fournir de grands efforts et les poursuivre». Mais il faudra éviter «certains calculs qui disent qu'il y a des individus qui font des manœuvres pour tirer profit de ces aide». Cela existe dans de pareilles conjonctures et «c'est à l'Etat de réduire l'ampleur». Il faudra donc saluer toutes les initiatives généreuses de la part de tous les milieux. «Il y a énormément de bienfaiteurs qui font preuve de grande générosité sans en parler. Il faudra les encourager». Et de dire que «Il y a une commune locale qui fait son devoir. Il faut qu'elle le fasse plus et en toute liberté. Nous en avons besoin. Il s'agit de 1503 communes qui concernent et touchent, partout dans toutes les régions, toutes les citoyennes et les citoyens». Car il nous est reproché de ne rien faire, en tant que partis politiques, et d'aucuns nous disent qu'au plus nous Les meilleurs d'entre vous font sortir des positions politiques. Ceux qui se trouvent dans les communes sont des élus de tels et tels partis. Ils sortent tous les jours pour trouver des solutions aux populations en difficulté. «Il faudra les laisser faire ce travail à condition qu'ils n'exploitent pas pour des fins politiciennes dont l'objectif n'est pas la bienfaisance». Banques : pour des taux raisonnables … Et pour faire face l'avenir, il y a l'effort de solidarité auquel tout le monde doit apporter sa part. A deux reprises nous avons publié des communiqués du bureau politique sur les communiqués du Comité de veille économique. Le second communiqué du Comité de veille avait annoncé que les banques vont jouer leur rôle c'est-à-dire «sans frais ni pénalité». Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de taux d'intérêt. Mais cela ne veut pas dire, non plus, que les banques imposent, aux entreprises et aux personnes physiques, des taux au moins égaux à ceux appliqués lors de l'emprunt, alors que, normalement elles doivent appliquer des taux plus bas». «Nous ne voulons pas que les banques perdent car le système bancaire et financier doit rester stable, sous peine de conséquences néfastes. Nous voulons qu'elles restent équilibrées. Mais elle doivent assumer leur part dans la solidarité nationale». Un revenu minimal de la dignité… Par ailleurs, poursuit Benabdallah, «nous avons proposé une approche participative car la situation nécessite une mobilisation générale … pour améliorer la solidarité et le traitement sanitaire de manière générale». Pour l'avenir, «c'est une affaire nationale, qui intéresse toutes les composantes de la société marocaine. Ce n'est pas l'affaire de la seule commission de veille, composée uniquement d'économistes, et ne renferme pas de représentants des partenaires sociaux, alors qu'ils sont concernés par ses actions. Non plus elle n'est pas composée de représentants des partis politiques qui « doivent être associés à cette œuvre pour un nouveau départ de l'économie du Maroc». Pour l'après corona, certaines mesures sont indispensables à prendre, notamment en matière de confiance acquise en ces temps de confinement pour instaurer un nouveau contrat social et une Charte sociale, le rôle principal de l'Etat et du secteur public, loin de l'austérité et des contrainte budgétaires. Il s'agit aussi de la préservation de l'emploi et du pouvoir d'achat, de la réalisation de l'autosuffisance alimentaire, de la considération des secteurs sociaux comme un investissement dans les ressources humaines, l'instauration d'un revenu minimal de la dignité… les grands travaux dans le monde rural et la mobilisation de la jeunesse… Besoin crucial de réconciliation du citoyen avec l'action politique A une question de savoir si le PPS est partisan d'un gouvernement d'union nationale, le SG dira que cette question n'est pas à l'ordre du jour. Il préférera « enregistrer avec satisfaction la déclaration de Si Abdellatif », qui confirme plusieurs autres prises de positions, y compris écrites, au dernier congrès du PAM notamment. Car, dira encore Benabdallah, nous avons vécu plusieurs périodes de grandes difficultés à cause de ce parti. Il faudra dire que par ce nouvelle approche, il y a un haut degré d'auto-révision (critique) au sein de ce parti qui mérite une considération. «Nous avons besoin d'une situation sereine et calme, où chaque parti peut ses potentialités sans contrainte et nous pourrons reconquérir la confiance générale», souligne-t-il. Et de dire qu'avec Nizar Baraka, «nous nous sommes dits que si nous allions aux élections dans un état pareil, ce sera une grande calamité». «Je félicite donc Si Abdellatif et tous ceux qui sont avec lui» pour ces positions, qui sont un motif de regain de confiance. «Notre objectif aujourd'hui est de nous réconcilier avec les citoyens». Avec Nizar, nous étions animés par la volonté de mettre un terme à la crise de confiance. C'est ce qui nous a fait dire, sans concertation préalable, des positions similaires lors de la rencontre avec le chef du gouvernement avec les partis politiques». Mais, valeur d'aujourd'hui, nous n'avons pas dépassé la situation de crise. Il faut une réelle réconciliation de l'action politique et du citoyen avec les partis politiques». Et si «une réconciliation a pu être réalisée avec l'Etat, lors de cette épreuve de pandémie», il faut le faire avec les partis politiques. Cela ne pourra pas arriver avec le genre de comportement de l'actuel gouvernement, au vu de l'erreur monumentale commise,… Nous ne pouvons pas parler, dès maintenant, de report des échéances électorales, estime-t-il, rappelant que «nous nous sommes mis d'accord avec le chef de gouvernement et les ministres» concernés par les élections sur la «nécessité de préparer le processus électoral, au début du mois d'août prochain et après cela, ce que nous pourrons faire en 2021». Marocains du monde, femmes et jeunes A ces deux questions, le SG du PPS a affirmé que «le Maroc est fort, malgré nos problèmes internes, par son unité nationale, par son Roi et par la cohésion de son peuple, derrière SM le Roi». Il n'y a donc «aucune influence de ces bassesses sur le Maroc, ni sur les Marocains ni sur la marche du pays». Nous poursuivons une politique étrangère équilibrée qui repose sur trois références : le respect mutuel, le respect des principes et l'ouverture d'esprit dans l'expression de nos positions. Aussi il a salué «la femme marocaine, objet de ces attaques et à laquelle on a voulu nuire. La femme marocaine est plus grande que les critiques et son rôle est grand dans notre société. Elle est aux devants de la scène, comme le sont les jeunes, dans de nombreux domaines». Nous comptons sur la femme, comme sur les jeunes, et nous adressons nos salutations à cette femme battante… Par ailleurs, il a tenu à saluer et à avoir une pensée particulière pour nos Marocains du monde à travers le Globe. Notamment en France, Italie, Espagne, Hollande, Canada, Etats Unis d'Amérique, où ils sont très nombreux et se comptent par millions. La même pensée est adressée aux Marocaines et Marocains bloqués un peu partout dans le monde. L'Etat essaie de parvenir à un rapatriement rapide même si l'on ne peut pas distinguer entre les personnes bloquées, les résidents et les étudiants, du moment qu'ils portent le même passeport. Pour les jeunes, «nos véritables soutiens, nous leur lançons un appel pour venir renforcer les partis et prendre nos places au sein des directions partisanes. Vous êtes les bienvenus pour prendre la relève».