L'expérience des pays avec la pandémie du coronavirus présente des caractéristiques communes allant au-delà des conséquences socio-économiques lourdes. En effet, cette circonstance exceptionnelle a ravivé les valeurs de la solidarité et de la bienfaisance conservées par la société civile marocaine, à travers une mobilisation à toute épreuve pour aider les plus démunis à dépasser leur sentiment d'impuissance. Avec le début de l'état d'urgence sanitaire et le confinement décrété le 20 mars pour garder l'épidémie sous contrôle, les personnes les plus démunies étaient incapables de rester à la maison faute de moyens de subsistance car il s'agit de survivre. Si la pandémie a provoqué des comportements anxieux chez les gens et des ruées sur les supermarchés pour faire le plein de provisions, elle a également ravivé l'esprit de solidarité et d'entraide entre les citoyens, qui répondent présents au besoin de travailler ensemble pour lutter contre un ennemi commun. C'est dans ce sillage, qu'une vague d'actions caritatives a été déclenchée par divers acteurs de la société civile, comme par de simples citoyens, dans un geste à portée symbolique qui dépasse de loin son efficacité. Parmi ces actions fortement saluées et partagées sur les réseaux sociaux figurent celle des associations, qui distribuent durant cette conjoncture exceptionnelle, des paniers de produits de première nécessité ou accordent une aide financière aux personnes les plus défavorisées, aussi bien dans les grandes villes, comme Marrakech et Casablanca, ou dans des régions reculées du Maroc. En plus de l'aide financière et les provisions, d'autres associations fournissent du gel hydroalcoolique et des gants aux chauffeurs de taxi, tout en veillant à les sensibiliser aux gestes à adopter en ces temps de crise. Exerçant le devoir impérieux de la solidarité, ces acteurs associatifs soutiennent vivement la campagne «reste chez toi, tu sauves ta vie et tu protèges ton pays» sur les réseaux sociaux pour toucher un plus grand nombre de Marocains. D'autres marques de solidarité concrète ont aussi fait le tour de la toile. Il s'agit de l'initiative «Je fais tes courses (Ntssakher lik), reste à la maison» laquelle propose des services gratuits de livraison de médicaments ou d'aliments aux voisins, ou encore celle de volontaires qui ont mis en ligne des cours gratuits destinés aux »élèves à distance». Yassine, un jeune volontaire qui propose des cours sur une chaîne éducative lancée depuis le début de cette crise via Youtube, affirme à la MAP que cette période exceptionnelle nécessite de faire preuve de solidarité même par de simples gestes qui représentent une grande source de réconfort, surtout pour les personnes les plus démunies. »Cette période fait revivre cette flamme de solidarité à toute épreuve qui ne sera jamais éteinte chez les marocains», lance-t-il d'un air déterminé. A ces initiatives solidaires s'ajoute celle de la plateforme de services «Aji daba», une application mobile solidaire qui propose des services gratuits de soins médicaux (médecin à domicile, soins à domicile, hôpitaux et conseil médical), de soutiens scolaires pour les élèves de primaire, de collège et de lycée, de la restauration à domicile, de commerce de proximité. Par ailleurs, ces gestes de la société civile participent ainsi à la création des conditions de solidarité tant souhaitée par les personnes défavorisées qui sont frappées par une insécurité financière extrême. Ces initiatives solidaires s'insèrent dans le progrès social qui est identifié depuis longtemps par la réduction de la pauvreté et des inégalités entre la population, indique à la MAP, Siham Ikhmim, professeur agrégée des sciences économiques et juridiques. «Les pauvres sont à la merci de tous les impacts engendrés par le coronavirus et sont vulnérables aux aléas de la vie devenue plus difficile», ajoute-t-elle. Selon cette chercheuse, la solidarité devient dans ce cas un impératif social pour les catégories les plus démunies qui sont placés dans une situation d'infériorité face au coronavirus : ils disposent de ressources financières limitées, leurs conditions de vie sont mauvaises, leurs chances de survie s'amenuisent avec le confinement obligatoire… Par ces actions solidaires, a-t-elle dit, «nous corrigeons au moins une injustice pour rétablir le sentiment perdu de l'équité au sein de la population, en donnant aux pauvres les moyens de s'en sortir durant cette période difficile». Cet élan de solidarité, qui doit rester durable, «témoigne de la profonde humanité de notre peuple pour affronter ce défi redoutable dont tout le monde semble avoir pris conscience», conclut cette chercheuse.