La journée internationale de la femme, célébrée le 8 Mars, devait être saisie pour mettre à jour, réactualiser et renforcer l'ensemble des mécanismes et des moyens de construire un avenir commun meilleur. Sans aller à l'aveuglette dans le sens de la féminisation de la société, qui ne vise au fond que la dislocation de la cellule familiale dans laquelle la femme joue un rôle primordial, le combat devrait être maintenu, entretenu et poursuivi pour bâtir ensemble une société égalitaire, solidaire et juste dans les faits, en tenant compte des spécificités de chaque genre, et dans les droits. Le chantier commence indubitablement par l'éducation et la formation où l'égalité des deux sexes au banc de l'école devait être concrétisée pour baliser ensuite la voie à l'égalité des chances. Une égalité à ce niveau épargnera tous les discours sur l'égalité du genre par la suite. Ainsi, au travail, qui est un moyen d'autonomie et d'émancipation, tant sur le plan matériel que social, assurant un équilibre entre les différents temps de vie des personnes, la compétence sera et restera le seul critère qui pourrait faire la différence. Dans ce cas, ce qu'on appelle aujourd'hui «l'approche genre» n'aura aucune signification. Pour y parvenir, la société devait donc marcher sereinement sur ses deux pieds en promouvant toutes les initiatives allant dans le sens de l'égalité et en combattant, en même temps, toutes les formes d'instrumentalisation de la femme et de sa marchandisation. Au Maroc, la volonté politique du pouvoir et des différentes composantes de la société a permis la réalisation des acquis considérables qui devraient être préservés tout en poursuivant la marche vers l'édification d'une société égalitaire, solidaire et juste. Par exemple, en matière de budget sensible au genre, l'expérience du Maroc a été lancée depuis 2002 par les autorités compétentes. Depuis lors, des progrès ont été réalisés en termes d'appropriation et de partage par les différents départements ministériels. Car, en intégrant la dimension genre dans les budgets sectoriels, régionaux et locaux, la formule permet de concevoir, de planifier, de prioriser et d'allouer les crédits en prenant en considération les inégalités et les écarts hommes –femmes et garçons-filles, en se basant sur les données ventilées par sexe. Dans ce processus de réforme, il faut souligner que la question de l'égalité se trouve au cœur des politiques publiques. Des acquis sont enregistrés grâce à la convergence de la volonté politique de l'Etat et de son gouvernement, l'adhésion des différents acteurs et la mobilisation de la société civile. En politique, notamment dans le volet des élections, la formule des quotas a balisé la voie à la femme pour accéder aux collectivités territoriales locales et régionales et partant à l'Hémicycle avec des deux chambres. Si tout n'est pas rose dans ce sens pour la femme marocaine, la formule a permis à des compétences féminines d'émerger au sein de l'institution législative. A ce propos, les partis politiques assument leur responsabilité dans le choix des candidates têtes de listes et des principes de la démocratie interne d'une façon générale. Au sein de l'Exécutif, le processus a démarré en 1997 avec la nomination de quatre femmes secrétaires d'Etat au gouvernement d'Abdellatif Filal. Dans le premier gouvernement de l'alternance, Abderrahmane Youssoufi nomma deux femmes dans son cabinet. Depuis lors, il est devenu incongru pour un Premier ministre et depuis 2011 pour un chef du gouvernement de ne pas avoir de femmes dans son gouvernement. Ainsi, la touche féminine distingue l'action en poursuivant la marche vers plus de démocratie qui assure à la base une égalité des chances.