Journée internationale des droits de la femme Propos recueillis parBelkassem Amenzou Consolider l'éducation et la formation de la femme, soigner son image dans les médias, promouvoir sa situation socioéconomique et renforcer sa représentativité politique et institutionnelle. Telles sont les composantes de la matrice menant à l'égalité, souligne Hasnae Kejji, professeur de l'enseignement supérieur (PES). Les propos. Al Bayane: A l'occasion de la journée internationale de la femme, quel bilan dressez-vous de la situation de la femme marocaine et de ses acquis ? Hasnae Kejji: La femme marocaine, à l'instar des femmes dans le monde arabe, a pu réaliser certains acquis dans les domaines politique, économique, social et juridique. Ces acquis sont le fruit d'un combat de la femme et du mouvement féminin en particulier et des droits humains d'une façon générale. De même, ce combat a été, bien entendu, soutenu par l'homme et par une volonté politique générale dans le pays. Toutefois, ces avancées réalisées jusqu'à présent ne devraient pas pousser à l'inaction dans ce sens, mais il faut continuer à agir, à sensibiliser et à lutter pour asseoir une véritable égalité et concrétiser l'équité et la parité dans la société. Il faut orienter l'action de la société dans ce sens dans l'esprit de la Loi fondamentale qui souligne clairement l'égalité entre les hommes et les femmes dans les droits et libertés fondamentales. L'approche s'appuie sur les conventions internationales. D'ailleurs, le Préambule rappelle l'attachement du Maroc aux droits humains tels qu'universellement reconnus dans leur globalité et indivisibilité, prohibant toutes les formes de discrimination principalement celle basée sur le sexe. Au niveau politique, que pensez-vous de la situation de la femme et des formules mises en place afin de promouvoir sa représentativité? Les traditions, les contraintes économiques et le contexte socioéconomique ne favorisent par la promotion de la femme et son émancipation. Dans ce cadre, des femmes demeurent exploitées, marginalisées et contraintes parfois à exercer des besognes qui ne prennent pas en compte leur condition de femme et ne cadrent pas avec leur genre. A ce niveau, il s'agit encore des violences faites aux femmes par certaines interprétations des lois, leur contournement et l'instrumentalisation de certaines formules mises en place à la base pour promouvoir la situation de la femme. Ce qui renforce l'inégalité entre les femmes et les hommes même si les discours laissent entendre le contraire. Par exemple, lors des élections, parfois les femmes ne sont approchées qu'à la veille des campagnes électorales et du dépôt des listes pour être en harmonie avec les lois qui imposent des quotas aux femmes. Après ce constat, que proposez-vous en tant que chercheuse universitaire? L'approche est liée autour du développement humain dans la société, en prenant en compte la place et la spécificité de la femme. A ce propos, je pense qu'il faut commencer le chantier par la consolidation de l'éducation et de la formation de la gent féminine. Puisque la femme diplômée et bien formée se penche naturellement sur les questions de la société, ses problématiques et son devenir en assumant des responsabilités dans la gestion des politiques publiques. Au niveau médiatique, la femme devait voir l'image qui reflète sa responsabilité, sa présence politique et le rôle qui lui incombe pour prendre part à égalité, à côté de l'homme, à la bonne marche de la société et de son bien. Et ce loin des clichés et des stéréotypes qui véhiculaient une image dégradée et dégradante de la femme réduisant son rôle à des tâches dans la cuisine ou uniquement dans le foyer. Dans ce sillage, les projecteurs devraient être braqués sur l'exploit de la femme, sa réussite dans les domaines politique, économique, social, culturel, sportif et éducatif. Cette image de la femme dans les médias contribuerait aura des impacts sur des pensées, des comportements et des approches puisées dans certains registres. En conclusion, que faudrait-t-il faire? Je pense qu'il va falloir agir pour pallier ce paradoxe qui fait que les femmes brillent dans plusieurs domaines allant de la politique jusqu'au sport, en passant par l'économie et la culture, alors qu'elles ne sont pas représentées équitablement dans les institutions. Pour s'en sortir, il faut une volonté politique surtout de la part de la gent masculine. La réalité et le développement de la société demandent des actions communes des femmes et des hommes. Et tant que ces derniers soutiennent la femme et sa compétence, la société tirera profit et poursuivra son développement sur les rails de l'égalité et de l'équité. Sur cet axe, les deux parties construiront un monde meilleur.