L'opposition réclame le départ d'Evo Morales A l'issue du premier tour des élections qui se sont déroulées en Bolivie le 20 Octobre dernier et alors que les heurts entre les partisans du président sortant et ceux de l'opposition se sont soldés par la mort de deux personnes, Evo Morales, qui préside aux destinées du pays depuis 14 années, a été reconduit à la tête de l'Etat en recueillant 47,08% des suffrages exprimés. Mais, en contestant le processus électoral et en dénonçant une «fraude scandaleuse», l'opposition est descendue dans la rue si bien que face à la grogne populaire, le gouvernement sortant a accepté, ce mercredi 30 Octobre, que l'Organisation des Etats américains (OAS) diligente une enquête internationale indépendante. Diego Pary, le ministre bolivien des Affaires étrangères a assuré que, bien qu'étant convaincu de la victoire du Mouvement vers le socialisme (MAS, le parti au pouvoir), le gouvernement bolivien se pliera aux résultats de cette enquête qui sera effectuée par trente experts internationaux et qui débouchera sur l'élaboration d'un rapport « contraignant » pour toutes les parties. Or, le centriste Carlos Mesa, la principale voix de l'opposition qui était à la tête du pays de 2003 à 2005 et qui est arrivé second en recueillant 37,51% des voix a mis en doute l'intégrité du processus, rejeté un «accord conclu unilatéralement» en l'absence des «représentants de la société civile» et des partis politiques et réclamé la tenue de nouvelles élections auxquelles ne participerait pas Evo Morales. En réponse, le ministre bolivien des Affaires étrangères a invité l'opposition à apporter à la commission de l'Organisation des Etats Américains les preuves de ses accusations de fraude du moment que, par l'entremise de ses délégués dans les différents bureaux de vote, elle peut avoir les copies de tous les bulletins dépouillés. Cependant, dès vendredi, soit une journée à peine après que cette commission ait commencé à faire son travail et «pour ne pas compromettre l'impartialité» du processus, son chef, Arturo Espinosa, un avocat et universitaire mexicain, a annoncé sa démission au motif que la semaine précédente, il avait, dans un article critique à l'endroit d'Evo Morales, reproché à ce dernier de s'accrocher au pouvoir. La Bolivie se trouve donc paralysée par des manifestations depuis la proclamation des résultats le 20 Octobre dernier. Ainsi, à Santa-Cruz, la locomotive économique du pays qui compte 1,5 millions d'habitants, aucun véhicule ne peut circuler car, à chaque carrefour, des barricades faites à l'aide de pneus, de chaines et de fil barbelé bloquent tout trafic routier. Il en va de même dans la plupart des villes de Bolivie lesquelles sont devenues le théâtre d'affrontements entre les partisans du président sortant et l'opposition. Ces «graves actes de violence en divers endroits du pays» ont poussé l'ONU à lancer, mardi dernier, «un appel clair et urgent aux acteurs politiques, aux groupes sociaux et à tous les Boliviens afin qu'ils réduisent les tensions et qu'ils rejettent tout acte de violence dans ce moment difficile que traverse le pays». Appelant les citoyens à «exercer leur droit de manifester sans qu'il devienne une invitation à la confrontation», l'Organisation internationale exhorte les autorités compétentes à garantir «le respect des droits fondamentaux des personnes comme la liberté d'expression, d'opinion et le droit de manifester pacifiquement». Les exigences onusiennes vont-elles être entendues par les différents protagonistes et suivies d'effet de manière à ce que les manifestations ne puissent pas dégénérer en de très violents affrontements entre les partisans du Chef de l'Etat et l'opposition ? Attendons pour voir…