Appelés aux urnes, ce dimanche 6 Octobre, les électeurs portugais ont accordé, au Parti Socialiste du premier ministre sortant Antonio Costa et aux premières estimations, 36,65% des suffrages et permis ainsi d'obtenir au moins 106 sièges sur les 230 que comporte le Parlement soit 20 de plus que les 86 qu'il avait en 2015. Mais si le Parti de l'ancien maire de Lisbonne, 58 ans, devance largement son principal adversaire le Parti Social-Démocrate (PSD, centre-droit) qui aurait perdu près d'une douzaine de sièges, il ne dispose pas, néanmoins, de la majorité absolue; ce qui le met dans l'obligation de nouer des alliances pour «garantir la stabilité» du gouvernement. Bien que ce scrutin ait été marquée, par ailleurs, par une très forte abstention – de l'ordre de 46% – il n'en demeure pas moins vrai que, dans une Europe qui vire globalement à droite, le Portugal reste l'un des rares pays où, le Parti Socialiste fait figure d'exception et où, dans le débat politique, le poids de la droite populiste reste insignifiant. Aussi, en s'exprimant au nom du Bloc de Gauche (radical) qui dispose de 19 sièges, Catarina Martins a déjà fait part de son entière disposition «à négocier (avec le PS) un accord assurant la stabilité du pays» alors que les communistes qui ont obtenu 12 sièges, n'ont pas exclu l'idée d'appuyer, de nouveau, le PS qui est parvenu, depuis 2015, «à tourner la page de l'austérité sans renoncer à une stricte discipline budgétaire». En effet, en arrivant au pouvoir en 2015, Antonio Costa avait réussi, grâce à l'appui du Bloc de gauche et des communistes, à consolider la reprise entamée après la cure d'austérité drastique mise en œuvre par le précédent gouvernement de droite si bien qu'en 2018 la croissance a atteint 2,4% (son plus haut niveau depuis le début des années 2000), le chômage a été ramené à 6,4% (son niveau d'avant la crise) alors que les salaires des fonctionnaires et les pensions des retraités ont fait l'objet d'une augmentation et que le déficit public devrait être, à fin 2019, égal à 0,2% du PIB. Autant de «points positifs» qui servirent de principal argument de campagne au Premier ministre sortant, auteur, par ailleurs, de ce que tout le monde avait convenu d'appeler «miracle portugais» lorsqu'il avait pu «renouer avec la croissance économique sans laisser déraper les comptes publics» et qui lui ont permis, ce dimanche, de rafler près de 37% des suffrages nonobstant une dette publique avoisinant 120% du PIB, des salaires relativement bas et une dégradation notoire des services publics. Autant dire qu'à l'heure où le vieux continent est bousculé par la vague des candidats anti-système, la victoire du vieux Parti Socialiste portugais aux élections législatives de ce dimanche reste une indéniable prouesse à mettre à l'actif de son leader Antonio Costa même si ce dernier est sorti de ses gongs, ce vendredi, lorsqu'un électeur a critiqué sa gestion des incendies meurtriers de l'été 2017. Enfin, avec près de 20 sièges de députés de plus qu'en 2015 et l'appui clair et sans équivoque de la gauche radicale et des communistes, le Premier ministre portugais Antonio Costa a les coudées bien plus franches que lors de son précédent mandat, alors attendons pour voir…