Suite à l'alerte du 23 janvier dernier de l'Agence de sécurité sanitaire Anses sur les couches bébés, le ministère marocain du commerce a décidé de renforcer son contrôle sanitaire de ces produits. Un communiqué du département de Moulay Hafid Elalamy, paru mercredi, souligne que le ministère a décidé de mettre en place des mesures exceptionnelles, pour traquer les couches qui présenteraient des substances nocives pour les bébés. En janvier dernier, l'Anses avait alerté sur la présence dans les couches jetables de substances chimiques toxiques, notamment les parfums et dioxines pouvant présenter des risques à long terme pour les bébés. Quelques mois plus tôt, en 2018, le magazine «60 millions de Consommateurs» avait publié les résultats de son enquête sur différentes marques de couches bébé, dans laquelle il soulignait également la présence de substances toxiques dans les couches-culottes, même celles qui se revendiquent écolos. Face à ces appels à la vigilance, le ministère de l'industrie, de l'investissement, du commerce et de l'économie numérique a décidé de renforcer le contrôle de ces produits, plus précisément au niveau sanitaire. Dans ce cadre, souligne le communiqué du ministère, les services compétents prélèvent systématiquement les échantillons sur toutes les importations de couches bébés pour les analyser dans les laboratoires agréés pour s'assurer de leur sécurité. Une opération qui date de depuis 2004, souligne le ministère qui entend rassurer les consommateurs. En plus des prélèvements sur les importations, des contrôles sanitaires sont de même effectués sur les échantillons de diverses marques de couches vendues sur le marché local. Selon le ministère, ces contrôles «systématiques et exhaustifs» visent à vérifier la conformité des couches importées aux normes en vigueur et identifier celles qui comportent des substances dangereuses aux bébés. En 2018, ce sont 224 opérations de contrôle de couches bébés qui ont été effectués au niveau local et 479 à l'importation, de même que 48 prélèvements pour analyses en laboratoire, relève le ministère dans son communiqué. Si le ministère du commerce a renforcé son contrôle sanitaire des couches-culottes, il ne s'est toutefois pas exprimé sur le contrôle des prix ou sur la contrebande dont pâtissent énormément les couches et d'autres produits hygiéniques, comme les tampons et serviettes périodiques pour femmes. Sachant que ce circuit informel qui échappe aux contrôles reste un défi pour la qualité de produits, notamment le respect des normes en vigueur, la traçabilité des produits… En plus des couches bébés, les protections hygiéniques périodiques féminines sont également dans le viseur. Mercredi, le magazine 60 millions de consommateurs a déploré dans un rapport la persistance des substances indésirables dans les tampons et serviettes hygiéniques, malgré les recommandations officielles aux fabricants en 2016. En effet, le magazine a mené une étude, à la suite d'un rapport de l'Anses sur les tampons et serviettes publié en juillet dernier, pour évaluer la composition de ces produits, trois ans plus tard. Il en ressort que les résidus de molécules à risques persistent dans ces produits, notamment le glyphosate, un herbicide controversé, et les phtalates. Ce rapport suit celui de l'Anses publié en juillet dernier. Même si l'Anses avait relevé la présence de substances chimiques «en très faible concentration» dans les protections périodiques, elle avait souligné toutefois que cela ne représentait pas de risque pour les utilisatrices. Pour sa part, 60 millions de consommateurs indique que «la présence récurrente du glyphosate ou d'un de ses dérivés dans les produits de grandes marques interpelle de nouveau», soulignant que cela concerne aussi les marques labellisées bio. De même, le magazine souligne la présence pour la première fois de phtalates, susceptibles de pouvoir altérer la fertilité. Face à ce nouveau rapport, le département de Moulay Hafid Elalamy est appelé également à renforcer le contrôle des protections périodiques féminines, qui touchent fortement l'intimité. A rappeler que ces produits, de même que les couches bébés sont soumis à la norme marocaine NM 04.4.015-2017 «Articles pour usage sanitaires et domestiques – Couches bébé à usage unique», qui a été révisée, en 2017, pour intégrer les nouvelles exigences internationales fixées en la matière.