Des maisons, des routes, des ouvrages d'art… à partir du plastique recyclé, de la terre, du bambou, de la paille, en lieu et place du sable ? Cela pourrait être possible dans les prochaines années. Face à la crise du sable, ONU Environnement cherche désormais des solutions alternatives, pour remplacer le sable dans les constructions. Dans un article paru récemment sur son site, l'organisation onusienne propose de rechercher de nouvelles solutions, pour réduire l'extraction du sable et du gravier dont la consommation annuelle dans le monde est évaluée à 50 milliards de tonnes. Sachant que le sable n'est pas une ressource illimitée et inépuisable. Quand on parle de destruction de l'environnement, il vient rarement à l'esprit l'utilisation très répandue du sable dans le monde, tant son emploi est devenu systématique dans plusieurs secteurs. Et pourtant, il s'agit d'une ressource très exploitée. Selon ONU Environnement, le sable serait la 3e ressource la plus utilisée au monde après l'air et l'eau. Il est employé dans différents domaines, comme la construction (ciments,…), tout comme dans plusieurs autres secteurs industriels (la verrerie, les téléphones portables…). Chaque année, ce sont des milliards de tonnes de sable qui sont extraits du sol, pour satisfaire les besoins grandissants de ces différents secteurs. A cette allure, le sol pourrait bien en manquer dans les prochaines années, ce qui perturberait l'écosystème et la biodiversité, soulignent les auteurs de l'article «la recherche de solutions pour l'extraction de sable durable a débuté». Contrairement aux idées répandues, l'article précise que «le sable n'est pas une ressource illimitée». D'ailleurs, «elle ne peut satisfaire la demande actuelle». Bien plus, son extraction et son utilisation ne sont pas sans risques pour l'environnement. Le ciment, qui est le matériau le plus utilisé dans la construction dans le monde, représente 8% des émissions de CO2 globales, selon un rapport de Chatham House publié en juin 2018. Sans oublier que, quand elle n'est pas bien gérée, l'extraction de sable dans les écosystèmes fragiles peut avoir des effets néfastes sur l'environnement. L'extraction du sable à partir d'une plage peut ainsi conduire à la destruction de la biodiversité locale. Elle peut aussi entrainer l'érosion des côtes, réduire la résilience face aux catastrophes extrêmes, avoir un impact sur la sécurité hydrique et alimentaire, détruire les moyens de subsistance à long-terme… En effet, le sable constitue une industrie de plus de 70 milliards de dollars. Selon les scientifiques (Torres et al, 2017), le sable et le gravier sont les matériaux les plus extraits dans le monde, plus que les combustibles fossiles, la biomasse. L'exploitation illégale de sable est d'ailleurs le 3e plus grand crime à l'échelle mondiale, derrière la contrefaçon et le trafic de drogue, selon le Global Financial Integrity. S'il existe plusieurs types de sable, certaines catégories ne sont pas utilisables comme ressource, à l'instar du sable du désert. Selon le site Sandtstories, les quantités de sable utilisable sont en train de s'épuiser. Sachant que la demande en sable s'accroit et devrait augmenter d'ici 2050, avec une population urbaine estimée à 66% contre 54% actuellement. Pour faire face à cet enjeu, des solutions novatrices pour remplacer le sable dans les constructions et bâtiments et réduire ses conséquences sur l'environnement sont entrain d'être testées, souligne ONU Environnement sur son site. «Le sable est utilisé par tout le monde. Nous ne sommes pas ici pour mettre un frein au secteur, mais pour collaborer avec toutes les parties prenantes afin de trouver des solutions durables», déclare le directeur de GRID-Genève à ONU Environnement, Pascal Peduzzi, cité dans cet article. Selon les auteurs de l'article, la solution serait de mélanger le béton à d'autres matériaux comme le plastique recyclé, la terre, le bambou, le bois, la paille… en lieu et place du sable pour donner au mélange la stabilité nécessaire aux constructions. Au Pays-Bas, une piste cyclable entièrement faite de plastique recyclé a d'ailleurs été ouverte en septembre 2018 dans la ville de Zwolle. Dans ce cadre, en octobre dernier, plusieurs industriels, universitaires, acteurs de la protection de l'environnement se sont réunis à Genève pour débattre autour de l'extraction du sable et chercher des solutions pour réduire ses conséquences potentielles sur l'environnement. En plus d'interpeller les gouvernements, ladite réunion a permis d'élaborer la feuille de route, qui s'articule autour de la collecte de plus de données et la mise en œuvre des politiques et normes visant à protéger les écosystèmes fragiles contre l'extraction de sable illégale préjudiciable à l'environnement.
Au Maroc, la loi incrimine le pillage de sable Au Maroc, le pillage du sable est une pratique répandue. Une enquête du Monde Afrique de novembre 2017 a révélé qu'en plus de la région qui va d'Oualidia à Ouled Skhar, en passant par la plage de Mehdia et Kenitra, l'axe routier qui lie Larache à Tanger est marqué par une abondance de camions transportant près de 18 tonnes de sable, à raison de trois allers-retours par jour. A l'origine de cette «affaire juteuse», une mafia spécialisée dans l'exploitation illégale du sable, utilisant les enfants comme main d'œuvre moyennant des sommes dérisoires. Depuis 2011, une loi incrimine l'extraction illégale du sable. En effet, la loi 10-11 modifiant et complétant l'article 517 du Code de procédure pénale, adoptée en 2011, condamne le pillage, le vol du sable de mer et les dunes de sable du littoral. Ces tels actes sont condamnés d'une peine maximale d'emprisonnement de 5 ans et de sanctions pécuniaires de 500 DH par m3 de sable volé et la possibilité de saisie par le Tribunal du matériel utilisé à cette fin.