Le 4 Mars dernier, un ancien espion russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia avaient été trouvés inanimés à Salizbury, au Sud de l'Angleterre, victimes – selon les autorités anglaises – d'une tentative d'assassinat à l'aide d'un gaz innervant de fabrication russe, le Novitchok. Les autorités britanniques avaient immédiatement imputé la responsabilité de cette affaire à Alexander Petrov et Ruslan Boshirov, deux officiers de l'agence du renseignement militaire russe (GRU) – un service secret très proche du chef de l'Etat et placé sous la direction du ministre de la Défense – et Theresa May a ordonné l'expulsion de 23 diplomates russes accrédités à Londres. En guise de représailles, Moscou avait fait de même à l'égard de 23 diplomates britanniques dépêchés en Russie. Mais une affaire qui, au départ, semblait être strictement bilatérale avait rapidement pris une tournure «européenne» puisque, durant les travaux de son Conseil des 22 et 23 mars dernier, l'Union Européenne avait affirmé sa solidarité avec Londres si bien que c'était en application des «conclusions» dudit Conseil, que la France avait donné une semaine à quatre diplomates russes pour quitter l'Hexagone. Il n'en fallait pas plus pour que la Maison Blanche ne vienne à la rescousse du vieux continent en conférant à ce dossier un caractère «international» et en expulsant, des Etats-Unis, 60 «espions» russes. Ayant considéré, dès le début, que les accusations de Londres étaient «du grand n'importe quoi», Poutine a fini par exiger des deux suspects qu'ils donnent au monde entier leur version des faits c'est-à-dire les raisons pour lesquelles ils s'étaient trouvés le 4mars dernier à Salisbury. C'est à ce titre que, jeudi dernier, les deux hommes ont officiellement clamé leur innocence sur la chaîne de télévision publique russe RT. Déclarant travailler «dans l'industrie du fitness» et non pas pour les services du renseignement militaire russe, ils ont signalé que leur présence, sur les lieux au moment des faits, ne relève que de la pure coïncidence. Ils n'étaient donc à Salizbury, diront-ils, que pour une simple visite touristique effectuée à l'effet de «découvrir cette ville fabuleuse (avec) sa célèbre cathédrale connue pour sa flèche de 123 m et son horloge» toujours fonctionnelle. Les deux hommes ajouteront par ailleurs : «peut-être qu'on est passé devant la maison des Skripal, peut-être pas. On ne sait même pas où elle est»; des propos qu'un porte-parole de la Première ministre britannique a jugé comme étant «profondément offensant pour les victimes de cette attaque et leurs proches (et) une insulte à l'intelligence du public». Ainsi, six mois après les faits, cette tentative d'empoisonnement sur le sol britannique d'un ancien espion russe n'en finit pas d'empoisonner les relations de Moscou avec Londres et, par ricochet, avec d'autres capitales solidaires de la Grande-Bretagne. Quel sera le dénouement de cette affaire alors que chaque capitale campe sur ses positions ? Attendons pour voir…