Hassan Rohani, le Président de la République islamique d'Iran, a été appelé à s'expliquer, ce mardi, devant le Majlis (Parlement), sur la détérioration de la situation économique du pays et sur l'incapacité de son équipe gouvernementale à le sortir du marasme dans lequel il s'est engouffré à la suite d'un chômage endémique, d'une inflation galopante et de l'effondrement de la monnaie nationale. Cette «comparution» devant les élus de la nation, qui a duré prés de deux heures et qui est la première depuis son arrivée au pouvoir il y a cinq ans, a fait suite au vote de défiance qui, le 8 Août dernier, avait donné lieu au limogeage du ministre du Travail Ali Rabiie puis, ce dimanche, à l'éviction du ministre de l'Economie Massoud Karbassian, deux piliers de l'équipe Rohani. Mais la liste des partants n'est pas close pour autant puisqu'y figurent encore, en très bonnes places, les ministres de l'Industrie et des Transports qui, du reste, ne sont pas les seuls dans la ligne de mire des « faucons du majlis ». A noter, toutefois, que bien qu'ayant la faculté de destituer Rohani lui-même, les ultras-conservateurs ne pousseront pas le zèle révolutionnaire jusqu'au bout du moment que le Guide Suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, détenteur de tous les leviers du pouvoir mais soucieux de la préservation de la stabilité du pays, voudrait que Rohani aille jusqu'au terme de son mandat et qu'il puisse continuer ainsi d'entretenir la «fiction de la légitimité élective du régime». Et si Rohani impute la crise aux sanctions qui ont été imposées à l'Iran par les Etats-Unis après leur retrait de l'accord de Vienne sur le nucléaire signé en Juillet 2015 par l'Iran et les grandes puissances, le Guide Suprême – sans aller jusqu'à prétendre que celles-ci n'ont pas d'impact – déclare, tout de même, que les difficultés auxquelles est confrontée la République islamique découlent de la manière qu'a choisi le gouvernement Rohani pour y faire face. Alors qu'après la signature de l'accord de Vienne, Rohani tablait sur un afflux massif des investissements étrangers qui permettrait au pays de sortir la tête hors de l'eau, l'arrivée de Trump à la Maison Blanche et la sortie des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien ont déjoué tous ses calculs. Et le comble c'est qu'à partir du 4 novembre prochain Washington entend déclencher une nouvelle série de sanctions qui toucheront principalement les secteurs du pétrole et du gaz et contribueront, ainsi, à diminuer de près d'un tiers les exportations de pétrole iranien. C'est pour cette raison que, depuis lundi, l'Iran – arrogant d'ordinaire – fait profil bas et implore la Cour Internationale de Justice d'enjoindre aux Etats-Unis de surseoir à la mise en œuvre de ces nouvelles sanctions en invoquant un vieux «traité d'amitié» signé en 1955 entre leurs deux pays mais tombé en désuétude depuis lors. Sur le plan intérieur, les ultras-conservateurs, hostiles à tout rapprochement avec l'Occident et considérant que l'ampleur du marasme économique sous lequel croule le pays est à mettre sur le compte de l'incompétence de Rohani et de son équipe, espèrent ainsi aborder en «pôle position» les élections présidentielles de 2021. Qu'en sera-t-il de la situation économique et sociale de la République des mollahs d'ici la fin de l'actuel mandat présidentiel ? La seule certitude que nous avons pour l'heure c'est que, sauf revirement spectaculaire de la part de la Maison Blanche, le président Rohani aura de plus en plus de mal à se mouvoir entre le marteau américain et l'enclume des ultras-conservateurs iraniens mais attendons pour voir...