« L'ignorance est mère de tous les maux ! », disait un jour François Rabelais, l'écrivain humaniste de la Renaissance à l'Hexagone. Ce n'est pas du tout gratuit que l'auteur français de « Gargantua » ait fustigé à ce point, l'illettrisme dévastateur. On ne peut qu'être admiratif des nations qui ont sitôt lié la croissance à la connaissance, sous toutes ses formes. Cependant, l'incrustation du savoir dans la société, dès ses bas âges, n'est pas non plus un exercice fortuit, en dépit de la diversité et de la complexité de l'univers cognitif. Il est conditionné d'une manière impérative, par l'ancrage de codes et de conduites de la vie sociétale. Qu'en est-il chez nous? Malgré les efforts consentis dans les divers apprentissages, il s'avère que d'un côté, on ne parvient guère à dispenser ces outils de base à tous les citoyens, en particulier à toutes les citoyennes des patelins reculés. De l'autre côté, on forme, pour la plupart, des lauréats dont le profil n'est pas adaptés aux opportunités de l'emploi. Le système scolaire qui engloutit un budget faramineux, constitue un réel fardeau pour l'Etat et tire le pays vers le bas, puisqu'il affecte le taux des alphabètes et accentue les inadéquations au marché du travail. Deux facteurs essentiels qui traduisent la contre-performance de la politique publique suivie, jusqu'à présent. La formation est donc une arme basique pour prétendre au développement dans un monde de plus en plus, acquis aux découvertes de la technologie. Depuis longtemps, on en est conscient et cumule des réformes pour affûter le mécanisme à même de relever le niveau. Mais, il semble bien que les échecs ont toujours accompagné ces tentatives, notamment au niveau de la charte nationale et du plan d'urgence. Les indicateurs des déboires ont placé la chose éducative bien à l'abîme de la déchéance, au même titre que le déficit des autres volets sociaux. L'enseignement marque le pas dans notre pays et en conséquence, toute la nation qui en pâtit. Quelle culture en secrète-t-on, à la fin? Au-delà de l'aspect strictement relatif à l'abécédaire de l'opération, le contenu des curricula prodigué aux apprenants renferme des archaïsmes que les temps modernes ne tolèrent pas. Dès son entrée à l'école, la cervelle de l'enfant fait l'objet d'un endoctrinement systématique, dépourvu d'esprit critique et inventif. Elle s'emmagasine de notions vétustes et obsolètes comme si on voulait faire abstraction à tout ce qui pourrait épanouir ces mioches en pleine phase d'éclosion. Plus tard, ils sont victimes d'intrusions obscurantistes aussi bien au niveau culturel, cultuel que vestimentaire, bien étranges à nos traditions. On prépare alors un modèle de citoyen soumis au diktat en dominance et vulnérables aux aliénations externes. La construction du citoyen est d'ores et déjà, sujette à des fractures sociales sur la base de l'incivisme, de la violence et de l'errance. Déracinés de leur identité ancestrale, ces garnements se perdent dans un monde où il n'y a plus de place à la vertu de la rigueur et de la discipline, subtilisées par les manies de la tricherie et de la paresse. L'école et plus tard, l'université se dérobent de leur mission de bâtir le citoyen, mais se contentent de mettre au monde des coquilles vides, à la merci de la résignation et de la déchirure sociale. La teneur du système scolaire tel qu'inculqué aujourd'hui aura, sans doute, un effet boomerang sur ceux qui croient bien faire que d'endoctriner le citoyen! L'ignorance et la démocratie n'ont jamais fait bon ménage…