L'idée qui planait dans l'air depuis un bon moment déjà a fini ce mardi par descendre à terre. Washington s'est, en effet, retiré du Conseil des droits de l'homme de l'O.N.U. parce que, selon Nikki Haley, l'ambassadrice américaine auprès de l'Organisation des Nations-Unies, l'engagement des Etats-Unis ne leur «permet pas de continuer à faire partie d'une organisation hypocrite et servant ses propres intérêts qui fait des droits de l'homme un sujet de moquerie». Accompagné de Mike Pompeo, le Secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères, la diplomate américaine qui a insisté, dans une conférence de presse, sur le fait que son pays restera «un héraut des droits de l'homme dans le monde» a reproché au Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'être devenu «un cloaque de parti-pris politiques» et de protéger «les auteurs de violations des droits de l'homme». Il convient de rappeler, au passage, que ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis se retirent du Conseil des droits de l'homme de l'ONU puisque George W. Bush l'avait déjà fait en son temps et c'est Barack Obama qui avait décidé, lors de son premier mandat, d'y faire réintégrer son pays. Ainsi, même si, à en croire les deux responsables américains, la décision prise ce mardi par la Maison Blanche est liée «à l'échec des tentatives de réformes du Conseil des droit de l'homme», elle résulterait, selon de nombreux observateurs, de «la défiance du gouvernement américain envers les organismes multilatéraux». Mais, il ne faudrait pas, toutefois, négliger le fait que ce retrait est intervenu juste après que le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme se soit élevé contre la décision «cruelle» et «inadmissible» prise par Washington de séparer les enfants de leurs parents sans papiers à la frontière mexicaine; ce qui a soulevé un tollé partout dans le monde et qui continue de le faire. Ainsi, à l'exception du seul ambassadeur d'Israël auprès de l'ONU, Danny Danon, qui s'est réjoui de ce retrait et en a profité pour remercier les Etats-Unis pour leur refus «de la haine aveugle à l'égard d'Israël dans les institutions internationales», sa condamnation est unanime. Antonio Guterres, le Secrétaire Général de l'ONU estime qu'il aurait été préférable «que les Etats-Unis restent au Conseil des droits de l'homme». Salil Shetty, le secrétaire général d'Amnesty International considère, pour sa part, que même s'il est «loin d'être parfait» le Conseil des droits de l'homme de l'ONU reste, tout de même, «une force importante pour la reddition de comptes et la justice» à telle enseigne qu'en se retirant de cette instance «les Etats-Unis sapent délibérément les droits de l'homme de tous les peuples partout dans le monde et leurs luttes pour la justice». Critiquant la décision américaine, l'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch loue l'action du Conseil des droits de l'homme de l'ONU qui a «joué un rôle important dans des pays comme la Corée du Nord, la Syrie, la Birmanie et le Soudan du Sud ». Son directeur général Kenneth Roth ira même plus loin lorsqu'il déclarera que le Président Donald Trump «n'est intéressé que par la défense d'Israël»; ce que, du reste, il a démontré à plusieurs reprises déjà... D'ailleurs, depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en Janvier 2017, les Etats-Unis se sont retirés de l'UNESCO, des accords de Paris sur le climat (COP21), de l'accord sur le nucléaire iranien et ont coupé le financement de plusieurs organes de l'ONU. Aussi, est-il légitime de s'interroger sur le devenir des relations internationales quand le président de la plus grande puissance mondiale se fait un malin plaisir de dénoncer tous les accords internationaux signés par ses prédécesseurs et de faire sortir son pays de toutes les instances internationales. Quoiqu'il en soit, attendons pour voir...