Le secteur des hydrocarbures pèse énormément sur l'économie nationale. Les compagnies responsables de la distribution du carburant, nationales et internationales, ont joué un rôle de premier ordre dans la modernisation de cette branche. Mais elles ont toujours déclaré qu'elles sont lésées. Bien plus, certains propriétaires de stations de service ont souvent déclaré dans des sorties médiatiques que ce sont eux qui payent la taxe sur la valeur ajoutée à la place du consommateur final. Mais qu'en est-t-il après la chute des prix du pétrole et la décision de libéralisation des prix prise par le gouvernement d'Abdelilah Benkirane? Certains opérateurs ont vu leur marge multipliée par deux, même triplée, par rapport à 2015. Financièrement parlant, une telle hausse fulgurante du résultat net des entreprises ne peut être expliquée que par le fait que les opérateurs ne répercutent pas la flottation des prix du baril du pétrole sur le prix à la pompe. Pour preuve, en décembre 2015, la baisse des prix du diesel au Maroc n'a baissé que de 1%, alors que les cours de Rotterdam, principal marché d'approvisionnement pour les importateurs locos, ont connu une réelle chute, soit une baisse de 20%. Certaines personnes n'hésitent pas à qualifier la situation d'un cartel discret entre les compagnies. Les opérateurs expliquent cette faible influence de la baisse des prix du pétrole à l'international du fait que ces derniers ne représentent que 50% du prix final alors que la part des taxes est de 35%, sans oublier la marge estimée à 15%. Ils accusent d'une manière indirecte l'Etat vu la imposante pression fiscale et la politique relativement rigide de l'office des changes. Face à une telle situation d'ambiguïté, on comprend que l'Etat a mal géré l'opération de transition de la libéralisation des prix. Les institutions étatiques, notamment le Conseil de la Concurrence (CC) doivent veiller au grain pour détecter toutes pratiques illicites. Abdelali Benamour, Président du CC, affirme que les gouvernements actuel et précédent en assument l'entière responsabilité. Et d'ajouter que le Conseil n'est pas une entité indépendante, il ne peut intervenir même après la réalisation des enquêtes, mais uniquement après avoir reçu le feu vert du Chef de l'Exécutif. Benamour n'a pas hésité à déclarer que : «il n'y aurait pas eu d'opération de boycott parce que normalement, le Conseil aurait déjà joué son rôle».