«La solution du dossier de la Samir se trouve à Rabat et non pas Casablanca», ont souligné les responsables du Front local, mardi 17 avril, lors d'une conférence de presse organisée à Mohammedia, portant sur les graves retombées du prolongement de l'arrêt de la raffinerie sur l'économie de la ville de Mohammedia et à l'échelle nationale. Plusieurs salariés interrogés sur place par Al Bayane ont exprimé leur ras-le-bol, dénonçant l'attitude négative du gouvernement. D'ailleurs, pour Belahcen Abdelatif, coordonnateur du Front local, «le problème de la Samir est purement politique». Il critique à cet égard et d'une manière acerbe l'Exécutif, qui est incapable de «prendre des décisions audacieuses et crédibles et se contente d'observer une position de spectateur». Par conséquent, et face au mutisme suspect des autorités publiques, le Front local a décidé d'organiser un sit-in, vendredi 20 avril, devant le siège de la préfecture de la ville. Il va sans dire que le scénario de la fermeture menace de faillite l'économie de toute la région, ont tenu à prévenir les responsables du Front local. En termes plus clairs, plus d'un tiers de la population locale, soit 10%, risque d'être jeté dans la rue et sera incapable d'assurer sa subsistance en cas de disparition de l'entreprise. Houcine El Yamani, qui est intervenu en tant que membre du Front local, a précisé que l'industrie du raffinage injecte annuellement environ un milliard de DH dans le circuit économique de la ville et que plus de 400 entreprises ont été affectées par l'arrêt de la raffinerie. Une situation qui explique largement le marasme économique ambiant dans la Cité des roses, et qui laisse planer le spectre d'une crise inédite. Le diktat des distributeurs Il faut dire aussi que la fermeture de la Samir aura des conséquences graves sur le tissu social, étant donné que plusieurs salariés endettés seront menacés de saisie de leurs biens immobiliers, a expliqué le responsable syndical. En sus de cela, la crise actuelle a privé les salariés, dont 1500 retraités, de la formule ancienne de la mutuelle, les obligeant à passer à l'AMO. Sur un autre registre, l'intervenant a déploré le silence du gouvernement, l'appelant à clarifier sa position et à remplir ses attributions en veillant, dans un premier temps, à ouvrir une enquête globale pour identifier les responsabilités afin de tirer au clair cette affaire épineuse. Abondant dans le même ordre d'idées, Houcine El Yamani a rappelé que la situation actuelle ne fait que servir les intérêts de 5 opérateurs de distribution qui imposent leur diktat aux petits distributeurs et engrangent des bénéfices colossaux au détriment du pouvoir d'achat des citoyens. En termes plus clairs, les consommateurs ont dû payer aux distributeurs durant 2016 et 2017, plus de 22 milliards de DH, outre les bénéfices réalisés, soit l'équivalent du prix de la cession de la Samir. «Cela relève de l'illogique et interpelle l'Etat qui doit agir immédiatement afin de mettre un terme à cette situation, en jouant le rôle de facilitateur tout en œuvrant avec acharnement au redémarrage de la raffinerie», a martelé Houcine El Yamani, tout en invitant les décideurs à se pencher sérieusement dans un avenir proche sur la mise en place d'une agence nationale de l'Energie ayant pour mission la régulation du marché, a-t-il conclu. Notons qu'au final et contrairement aux informations véhiculées par certains médias concernant la reprise de la Samir par un groupe d'investissement irakien, certaines sources proches du dossier ont affirmé à Al Bayane qu'il s'agit seulement d'une manifestation d'intérêt et que rien n'est officiel pour le moment.