La disruption, ce concept qui impose la rupture avec les conventions classiques d'un marché, était le maitre-mot de la 5e édition du Rendez-vous de Casablanca de l'assurance, événement fidèle à la thématique de l'innovation depuis sa création. La grand-messe des assureurs et de leurs partenaires, organisée par la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR), a attiré au décompte final quelques 1000 participants d'une trentaine de nationalités, venus vanter les potentialités qu'offre la disruption en assurance ou bien expliciter les craintes qui vont de pair avec cet acte, synonyme de rupture avec les conventions classiques de leur activité. Mohamed Boussaïd, ministre de l'Economie et des Finances, est de ceux qui invitent à prendre le train en marche de l'innovation digitale. Dans son allocution d'ouverture de ce rendez-vous, il admet que la transformation technologique génère des risques en bousculant l'organisation classique des marchés financiers et leur business model, mais aussi, «paradoxalement, ouvre de nouvelles opportunités». Le ministre a suggéré ainsi deux grands chantiers sur lesquels les assureurs peuvent accompagner les pouvoirs publics: la promotion de l'assurance inclusive et la couverture contre les risques climatiques et catastrophiques. Boussaïd a de même exprimé le besoin d'un «cadre législatif souple qui encourage les initiatives des acteurs mais qui sécurise en même temps les assurés et les épargnants». Pour sa part, Mohamed Hassan Bensalah, président de la FMSAR, l'adaptation est synonyme de survie, car les assureurs subissent directement les transformations que peut connaitre la matière assurable. «C'est le cas de l'évolution de nos véhicules vers des voitures autonomes, des objets connectés qui nous imposent à revoir nos couvertures et nos modèles de tarification, ou encore le cas de la médecine qui évolue au rythme des découvertes scientifiques», explique-t-il en avouant que «la disruption peut sembler comme une menace pour les acteurs classiques de l'assurance, mais pour moi, elle apparaît clairement comme une opportunité. C'est l'occasion de se réinventer, de se transformer et de rester en phase avec les évolutions technologiques et les mutations de notre société». Le régulateur n'étant pas en reste. Hassan Boubrik, président de l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS), livre une perception empreinte de prudence. Il n'a pas manqué d'exposer les défis auxquels seront exposés les superviseurs d'assurances à l'aube de la révolution digitale. «A titre d'exemple, comment, demain, un régulateur pourrait assurer une supervision adéquate d'un assureur digital localisé en dehors de sa juridiction ?», s'interroge-t-il, tout en faisant allusion à d'autres défis auxquels font face les régulateurs comme le cyber-risque, la protection des données personnelles ou encore la concurrence. Boubrik avoue que sur le continent africain, les avancées technologiques devraient pousser vers une évolution des marchés des assurances en rupture avec le passé, « néanmoins et à mon sens, il ne s'agira pas nécessairement des mêmes ruptures ou enjeux que dans les pays développés ». En résumé, l'événement a fait le tour de la question, que ce soit à travers des tables rondes autour de l'open innovation dans l'assurance et de l'usage potentiel des technologies telles que l'intelligence artificielle, la Blockchain, l'Internet des objets ou le Big Data, pour améliorer l'expérience client et créer de la valeur, où bien à travers les espaces de networking mis à disposition des start-up marocaines pour exposer leurs idées innovantes et essayer de décrocher des partenariats.