Après soixante années d'un règne sans partage sur l'île de Cuba par la fratrie Castro, ce sont huit millions de cubains âgés de plus de seize ans qui, ce dimanche, ont été appelés aux urnes pour élire le Parlement dont sera issu le successeur de Raul Castro. Les députés élus ce dimanche désigneront, le 16 Avril prochain, les 31 membres du Conseil d'Etat ainsi que son président, lequel succèdera à Raul Castro, 86 ans, décidé à passer la main 12 années après avoir succédé au «lider maximo». Mais ni la mort de Fidel Castro, ni le départ de son frère Raul et son remplacement, sans nul doute, par Miguel Diaz-Canel, son premier vice-Président, 57 ans, ingénieur de formation, et le mieux placé pour présider le fameux Conseil d'Etat, ne mettront un terme à l'orientation «castriste» du régime dès lors que ce dernier a reconnu lui-même, après avoir voté à Santa Clara dans le centre du pays, qu'en participant à ce scrutin, il va «consolider et défendre» le système révolutionnaire. Ces propos ont été confirmés par Bruno Rodriguez, le ministre cubain des Affaires étrangères, qui rappelle, par ailleurs, qu'il y aura «une dimension de renouvellement mais aussi de continuité» car le nouveau chef de l'Etat sera tenu de poursuivre «l'actualisation» du modèle économique telle qu'esquissée par Raul Castro. A l'issue de ce scrutin pour lequel le chef de l'Etat sortant a voté tôt ce dimanche matin à Santiago de Cuba, le berceau de la révolution, et dont les résultats définitifs seront connus ce lundi soir, l'Assemblée Nationale sera renouvelée à hauteur de 50% mais les caciques du Parti et du gouvernement resteront en place alors que Raul Castro continuera à garder un œil sur la marche du pays puisqu'il conservera son poste de numéro un du Parti Communiste Cubain jusqu'au prochain congrès qui se tiendra en 2021. Il aura alors 90 ans. Autre fait notable, si dans la précédente législature les femmes constituaient 48% des députés, leur présence sera encore plus accrue cette fois-ci puisqu'elle atteindra 53%. Privée de candidats et n'ayant pas accès aux médias, tous contrôlés par l'Etat donc par le Parti Communiste Cubain, l'opposition qui conteste ces élections et regrette l'absence de suffrage présidentiel direct a appelé ses partisans soit à voter blanc soit à annuler les bulletins de vote en les couvrant de slogans contestataires. Ce samedi, et tout en déclarant que les élections cubaines sont entachées d'irrégularité, des parlementaires américains anti-castristes en Floride ont appelé le Président Trump à «considérer le successeur de Castro comme illégitime en l'absence d'élections libres, justes et multipartites». Il semble donc que le castrisme qui a permis à l'île de Cuba de «tenir le coup» contre vents et marées malgré l'embargo décrété par son puissant voisin durant plus de cinq décennies, n'est pas près de s'estomper et que son empreinte indélébile continuera pendant longtemps encore à «régenter» la marche du pays.