La littérature enfantine au Maroc accuse un retard flagrant. Elle devait être en premier plan de l'intérêt des écrivains, nouvellistes et poètes également, mais celle-ci traverse un vide de production et de penser quasi-total. Fatima Limni, quant à elle, a au moins pensé à faire renaitre des petites histoires racontées jadis par les grands-mères, dans son recueil de nouvelles paru au courant de l'année 2017 et auquel elle a choisi l'intitulé «une famille au temps de Facebook». Ce choix n'est pas un hasard. C'est ciblé et bien choisi du fait de l'intérêt presque inouï que portent les internautes à ce réseau social omniprésent dans chacun et pour chacun. L'écrivaine est scientifique de formation, ingénieure d'état de fonction, très dynamique, femme de terrain, au sourire intelligent mais très profond, vénérée de ses amies et adorable par son entourage. Elle reçoit une présence massive lors de la première lecture de cette œuvre enfantine d'importance capitale, qui s'étale sur 61 pages, 11 nouvelles différentes de tailles et de contenus. La couverture de cette œuvre nous fait penser au beau vieux temps. Un enfant assis à terre, entouré de livres, bien classés et bien placés, servant de chaise. L'enfant souriant, aux pieds nus. Un fond d'écran sombre, qui s'éclaircit petit à petit comme pour dire aux enfants que la lecture n'a pas de substitut, et que, c'est grâce à elle que votre chemin sera illuminé et votre avenir également garni de bonne choses. L'auteure a entamé cette série de nouvelles par un passage-conseil, transmis d'un grand père à son petit-fils. Une histoire qui fait la part belle entre la somme du bien et la somme de mal. Entre ce qu'il faut retenir de la vie relationnelle et ce qu'il faut laisser. Un message intelligent de l'écrivaine qui devait être retenu par la famille elle-même avant de le transmettre aux descendants dès leur premier âge, celui de la réception des mécanismes de la vie. En outre, dans chacune des histoires de Fatima Limni, présentées en déclaration très succincte, pouvant se contenir dans un seul mot ou dans son intitulée. Ces nouvelles sont étalées comme suit : Le grand père raconte une histoire au petit fils, le mal et le bien dans la vie. Je t'aime sans conditions, dérapage d'un fils qui quitte l'école, émigration clandestine, les retombées de l'adolescence, la tendresse et l'amour d'un père pour son fils ont rendu les pendules à l'heure, le garrot blanc suspendu aux arbres du jardin symbole d'un grand amour paternel. Les grains d'un gouvernant, une affaire de vérité, de crédibilité en conséquence, un message pour les enfants contre toute perfidie et toute trahison très minime soit-elle. Moi gagnant et toi ? C'est l'histoire de Mamadou le Burkinabé qui rêve d'être footballeur professionnel au Real de Madrid, mais avant tout, il devrait finir ses études et être parmi les premiers de la classe. Une famille au temps de facebook, jadis la famille avait un parlement de la famille, une répartition de taches. Avec facebook, l'outil informatique et le débit internet, il n'y a plus de solidarité familiale, plus de communication entre les membres de la même famille. Le jour de la moisson, on n'échappe pas à son destin, il suffit d'être honnête, serviable et courtois. C'est l'oncle Ali, hymne à la générosité. Le vrai trésor, ici l'égoïsme fait perdre tout respect de l'avis de l'autre, donc la coordination, l'écoute, le travail du groupe sont le droit chemin pour la réussite. Tu écris une histoire que tes enfants te raconteront après, c'est l'amour des parents. J'aime mon corps, le handicap n'est ni une honte ni un défaut, le droit à l'égalité des personnes malgré leur handicap. La blonde et le chat «Benny», et la vie continue.