«C'est un grand jour pour ma famille et pour le fujimorisme. Mon père est enfin libre. Ce sera un Noël d'espoir et de joie» furent les mots par lesquels Keiko Fujimori, le fils de l'ancien chef de l'Etat péruvien Alberto Fujimori, a accueilli la grâce accordée à son père ce dimanche 24 décembre 2017 par le Président du Pérou Pedro Pablo Kuczynski. Figure controversée, Alberto Fujimori, qui avait présidé aux destinées du Pérou de 1990 à 2000 et qui est âgé de 79 ans aujourd'hui, est considéré par certains comme étant un dirigeant corrompu alors que d'autres voient en lui celui qui a stabilisé l'économie du pays et mis fin à «l'insurrection sanglante» menée contre l'Etat péruvien par les guérilleros maoïstes du «Sentier Lumineux» en arrêtant son fondateur Abimael Guzman – ce qui lui avait valu en 1993 d'être désigné «Homme sud-américain de l'année» par le magazine américain «Time». Déclaré vainqueur aux élections présidentielles de Mai 2000 Alberto Fujimori s'est, tout de même, vu menacé de destitution par le Congrès après que celui-ci ait apporté des preuves l'accusant de corruption et l'ait reconnu coupable de crimes contre l'humanité pour avoir notamment commandité les massacres qui, en 1991 et 1992, avaient coûté la vie à 25 guérilleros. Alberto Fujimori quitta alors le Pérou pour le Japon d'où sont originaires ses parents et de là il envoya sa démission par fax d'un hôtel de Tokyo. Or, le gouvernement japonais n'accéda jamais aux multiples demandes par lesquelles le Pérou réclamait l'extradition de son ancien président. Ainsi, ce n'est qu'en 2007 soit deux années après que celui-ci quitta le Japon pour le Chili, que les autorités de Santiago le remirent entre les mains de la justice péruvienne qui s'empressa de le condamner à 25 années d'emprisonnement. Ainsi, dans un communiqué daté de ce dimanche et émanant de la Présidence de la République péruvienne, il est annoncé qu'après avoir fait l'objet d'un examen médical approfondi, il est apparu que l'ancien chef de l'Etat du Pérou souffre «d'une maladie dégénérative incurable (et qu'à ce titre) les conditions carcérales représentent un danger pour sa vie, sa santé et son intégrité physique». Il y a lieu de noter, toutefois, que l'annonce de cette «grâce présidentielle humanitaire» est intervenue quelques jours à peine après que Kuczynski, menacé de destitution, ait promis à certains parlementaires partisans de Fujimori qu'il libèrerait l'ancien chef de l'Etat en échange de leur soutien; ce que le gouvernement péruvien réfute en arguant que la libération du détenu a été accordée par le Président en réponse à une requête introduite il y a une quinzaine de jours par Alberto Fujimori. Mais, il convient de préciser, par ailleurs, qu'il y a plusieurs mois déjà que le Président Kuczynski, qui avait déclaré sur les colonnes du magazine britannique «The economist» que «le temps du pardon était venu» avait lancé un débat portant sur l'éventualité de l'amnistie de l'ancien homme fort du Pérou et que l'idée de cet élargissement avait été accueillie favorablement par 60% des Péruviens. Aussi, la libération d'Alberto Fujimori pourrait bien être perçue comme étant une réponse apportée par le Président Pedro Pablo Kuczynski au souhait d'une très large frange de la population péruvienne dans le but évident d'échapper à la destitution.