Les entreprises mettent les bouchées doubles pour dénicher les meilleurs profils. Mais la tâche est loin d'être aisée, surtout lorsqu'il s'agit de spécialités ou de secteurs pointus comme l'automobile, l'aéronautique et les énergies renouvelables dont le Maroc a fait le fer de lance de sa stratégie de développement. Les doléances des patrons sur les difficultés à combler leurs besoins en talents pointus ou rares sont légion. Ils pointent souvent du doigt l'inadéquation entre l'offre et la demande d'emploi. Cela, malgré les efforts déployés par l'OFPPT et les grandes écoles pour mettre en adéquation formation et besoins des professionnels. La rareté de certaines ressources humaines se fait surtout sentir dans le secteur aéronautique qui s'est pourtant engagé à doubler son business à l'export d'ici 2020. Ismail Ghorafi, directeur zone sud nord chez Adecco Maroc, agence spécialisée dans le travail temporaire et l'intérim, affirme qu'il est beaucoup plus compliqué de trouver des profils pointus dans l'aéronautique que dans l'automobile. « L'aéronautique connait une pénurie de ressources humaines spécialisées. C'est aussi un secteur où le recrutement est très sélectif », explique-t-il. En fait, c'est dans les activités très développées techniquement que le besoin se fait le plus ressentir. Pas moins de 45% des besoins en recrutement des entreprises concernent des secteurs émergents, selon une récente étude de l'Anapec. Pour Ismail Ghorafi, le gouvernement a certes beaucoup investi dans la formation, mais les écarts entre les compétences disponibles et celles requises ne sont pas faciles à combler, notamment dans l'industrie lourde. Les entreprises étrangères seraient à l'origine de cette situation. «L'indisponibilité de certains talents les arrange, de sorte qu'on ait toujours besoin de leur expertise», déplore Ismail Ghorafi. Outre l'automobile et l'aéronautique, les responsables des ressources humaines ainsi que les cabinets de recrutement déplorent les difficultés à trouver des compétences spécialisées en énergies renouvelables. Ce problème concerne surtout les ingénieurs en efficacité énergétique, précise Ismail Ghorafi. A l'Anapec, on préfère nuancer, estimant que le marché offre suffisamment de profils adéquats. «Globalement, il n'y a pas de rareté pour certaines compétences», affirme notre source à l'Anapec, tout en reconnaissant que certains profils ont besoin de formation à l'embauche. Et d'ajouter que la majorité des entreprises opérant dans les secteurs émergents s'appuient sur la formation pour améliorer les compétences de leurs collaborateurs. Des responsables RH préfèrent aussi recourir aux services de l'Anapec et de cabinets de recrutement aussi bien pour embaucher que pour former leurs futurs collaborateurs. D'autres ne se limitent pas aux compétences marocaines. Un manager en ressources humaines dans une entreprise internationale spécialisée dans l'informatique affirme même pratiquer la chasse de tête au-delà du Maroc, en participant aux salons organisés notamment en France.