«Le Politique contre le Droit», de Me Hubert Seillan Maitre Hubert Seillan, avocat à Paris est un observateur international des Droits de l'Homme et c'est à ce titre qu'il avait suivi le procès de Gdim Izik pour le Conseil National des Droits de l'Homme (CDH). Dans un entretien avec le journal «Al Bayane», Me Saillan, qui connait bien le Maroc où il vient depuis 30 ans dans des missions à la fois de professeur et de conseil auprès de l'OCP (Office chérifien des phosphates) et de l'Administration, a indiqué que le procès s'est soldé par un échec de la stratégie du «tout politique» dont les tenants voulaient le transformer en une arène politique pour défendre leurs thèses séparatistes. Et c'est en tant qu'observateur international des Droits de l'Homme que «j'ai suivi le procès de Gdim Izik pour assurer le CNDH du respect des Droits de l'Homme», a-t-il tenu à préciser. «J'ai publié six rapports dans la presse, qui ont montré que les prévenus, les accusés et leurs avocats ont voulu faire un combat politique dans ce procès», a-t-il ajouté. «Ils ont refusé toute discussion sur les faits criminels (il y a eu quand même 13 morts et des blessés) pour n'envisager que l'illégitimité du Maroc sur le Sahara de l'Ouest. Ils envisageaient ainsi de bloquer le procès et de l'empêcher d'aller jusqu'au bout». Dès lors, expliqua-t-il, «ma mission perdait de son sens, puisque le débat n'était plus judiciaire, mais politique. Observateur au titre des Droits de l'homme, je ne voulais pas être observateur politique», a-t-il encore relevé. Et Maitre Hubert Saillan de souligner que « cette stratégie du tout politique a vite montré sa faiblesse. Le président de la Cour, qui avait jusque-là apporté l'écoute bienveillante la plus grande aux prévenus et à leurs avocats, est devenu un redoutable organisateur de débats, quand les rapports d'experts ont été présentés à la Cour et les confrontations avec les témoins effectuées». «Les slogans politiques paraissaient bien décalés et le procès bascula un après-midi. Ce furent des preuves tangibles apportées par des témoins de la participation de x et d'y aux agressions meurtrières. Ce furent les contradictions manifestes de témoins de la défense sur la réalité des faits. Le tout politique ne pouvait mener qu'à une impasse et une impasse ne permet plus d'avancer, soit on recule, soit on arrête tout et on abandonne. Ce qui fut fait», nota Me Hubert Seillan en observateur averti, qui n'a pas manqué de rappeler le départ regrettable des avocats de la défense tout en rendant hommage aux avocats commis d'office pour leur travail. «Ce départ des avocats, accompagnés du refus des prévenus d'assister aux audiences, est survenu, alors que le procès était dans sa phase finale du point de vue de l'analyse des faits», a-t-il relevé. «Les plaidoiries, qui ont suivi ont été assurées par des avocats commis d'office, qui ont, quant à eux, effectué un travail considérable sur les faits et sur le droit. Ce que n'avaient pas fait les précédents», a-t-il commenté. La discussion a été rendue possible et «nous avons déjà dit qu'elle nous est apparue équilibrée et nuancée», souligne-t-il. Mais «Qu'en est-il enfin des Droits de l'homme ?», s'est-il interrogé, avant d'expliquer que ce procès lui a «permis d'observer que les avocats ont eu la plus large liberté d'expression. Ils ont en effet été en mesure d'agir sur les ordres du jour des audiences, d'exiger des expertises, de contester certains témoins, d'évoquer des faits de torture sans jamais apporter aucune preuve...». Et de conclure: «Ainsi, ce procès a montré que le Politique a voulu contrarier le Droit. Mais si une telle stratégie peut être comprise quand le Droit est oppresseur, elle a du mal à l'être quand le Droit s'efforce de coller au plus près des principes des Droits de l'homme. Ce que nombre d'observateurs ont souligné comme moi».