Le sentiment d'inconfort qui stigmatise la vie politique nationale n'est plus un secret pour personne. Quoique désunie, la gauche grondait dans les airs et faisait sonner le glas aux ennemis de la patrie, à travers un discours mobilisateur, des décennies durant. Au diapason, la Koutla rugissait dans les arènes pour maintenir le cap de l'élan transitoire. Qu'en est-il aujourd'hui de tout cet éclat historique? Pas grand-chose ! Un recul criard se met en place et installe l'incertitude et la déception dans les cœurs, au sein d'un pays qui aspirait vivement à l'émergence. Ces derniers temps, la démocratie qui pointait à l'horizon, bat subitement de l'aile. La transition qu'on croyait à portée de main, marque le pas, tout d'un coup. La classe politique qui incarnait, depuis longtemps, le pluralisme exceptionnel, est étrillée sans merci, par les manies habituelles de l'aliénation. Le peuple qui trônait au centre de l'intérêt national, est sans cesse, soumis à la politique de la paupérisation…Le libéralisme démesuré bat son plein, générant, sur toute la ligne, les disparités sociales et territoriales dont profitent les grands barons du capital et de la rente. On ne se soucie guère des soulèvements qui peuvent, à tout moment, éclater et menacer la stabilité et la sécurité du pays. Hier, c'était Al Hoceima, mais demain, ce serait, sans doute, d'autres régions qui vivent le dénuement et l'exclusion ! On continue à tabler sur les services d'ordre pour étouffer les frondes populaires, au point de mettre à l'écart toute autre intermédiation, parmi aussi bien les partis politiques que les structures associatives, plus spécialement les plus sérieux et intègres. Certes, on se focalise sur la politique des grands chantiers qui maintient les équilibres macro-économiques. Mais, sans aucun effet positif, jusqu'ici, sur le citoyen, constamment en proie de la cherté de la vie, de l'atteinte à sa dignité et la non-confiance qu'il continue à nourrir. Ce même citoyen va sûrement finir par renier son appartenance, rejeter les bonnes valeurs qu'il avait entretenues, dès son bas âge et se retourner sur ceux qui défendent sa cause. On se souvient de cette scène autour de Che Guevara, quand il périssait suite à l'acte d'un berger qui dénonçait la cachette de ce grand libérateur des peuples opprimés. Lorsqu'on demandait au berger les raisons de cet agissement ingrat contre celui qui combattait pour les pauvres, il répondait froidement : «Il faisait peur au bétail quand il passait avec ses troupes dans les montagnes !». C'est dire combien l'encadrement de la société est primordial. Chasser la médiation dans une société frappée par les affres de l'ignorance et de la misère, est donc une attitude suicidaire.