Les détenus des événements du Rif envisageaient d'entamer une grève illimitée de la faim, à partir de ce lundi. Cette décision a été prise, selon Abdessadak Bouchtaoui, membre du collectif de la défense, pour protester contre leur détention, en appelant à leur libération immédiate tout en proclamant leur innocence. La même source a souligné que ce durcissement de position est une réponse aux charges retenues contre les détenus, considérant que leur procès est politique et que leur détention constitue une atteinte aux droits de la liberté d'expression et à la manifestation pacifique. Abondant dans le même ordre d'idées, Bouchtaoui estime que cette grève de la faim, qui coïncide symboliquement avec la commémoration de la bataille d'Anoual ayant eu lieu en 17 juillet 1921 et marquée par la défaite de l'armée espagnole, concernera tous les détenus dans le cadre du «Hirak du Rif», incarcérés à Casablanca et Al Hoceima. Par ailleurs, notre interlocuteur a affirmé que la lettre postée sur les réseaux sociaux appartient bel et bien à Nasser Zafzafi et qu'il traduit parfaitement ses convictions sauf qu'il était catégoriquement contre sa publication afin de barrer la route à toutes les surenchères politiques concernant ce dossier. Même son de cloche chez l'avocat Mohamed Ziane qui a infirmé catégoriquement qu'il soit lui-même l'auteur de la lettre. « Il est impossible que je sois l'auteur de cette lettre, vu que mes connaissances en grammaire et l'art de la rhétorique sont très limités», a-t-il expliqué, tout en soulignant que la lettre signée par Nasser Zafzafi lui a été remise par ce dernier, qui lui fait confiance et a décidé de la publier en toute connaissance de cause et toute transparence et ce, après moult réflexions. L'avocat Mohamed Mohamed Ziane a même affirmé à notre confrère Bayane Al Yaoum, qu'environ 25 plaintes judiciaires ont été portées contre le commissaire «Issam», dont ce nom a été repris plusieurs fois dans le rapport de l'expertise médical élaboré par le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH). Il a fait également savoir qu'une autre plainte a été portée contre le directeur de la prison locale d'Oukacha qui a ordonné le placement de Nasser Zafzafi dans une cellule individuelle sans avoir l'aval du juge d'instruction. Par ailleurs, les forces de l'ordre ont recouru à l'usage de la force pour disperser une manifestation de protestation organisée, samedi 8 juillet à Rabat, devant le Parlement. Comme le montrent plusieurs vidéos postées sur les réseaux sociaux, la plupart des manifestants, dont la majorité sont des femmes, sont venus pour exprimer leur solidarité avec les détenus du Rif, notamment la jeune artiste Salima Ziani, alias Silia, encore détenue à la prison Oukacha à Casablanca et qui souffre de problèmes de santé, à en croire certaines sources médiatiques. En fait, cet incident survient – deux jours seulement – après la rencontre tenue par le ministre d'Etat, chargé des droits de l'Homme, M. Mustapha Ramid, avec les représentants de la société civile autour des événements d'Al-Hoceima, où il a fait part de la volonté de l'Etat de «contribuer à l'élaboration d'une vision commune des solutions possibles, afin de dépasser la situation actuelle». Il a même mis l'accent sur le fait que le traitement de ce dossier devrait se faire conformément au «principe de la participation, de l'écoute et du dialogue, avec transparence, responsabilité et esprit patriotique».