«Les limites du supportable ont été atteintes». C'est, en substance, ce que l'Italie a fait savoir cette semaine au commissaire européen en charge de la migration avant de demander que le programme de «relocalisation des migrants» initialement défini par Bruxelles puisse être réactivé et que le fardeau de la crise migratoire soit supporté par tous. En réponse, l'Union Européenne – tout en rappelant qu'entre 2016 et 2017, elle avait alloué 10,2 milliards d'euros à la gestion de la crise des réfugiés et déployé 300 garde-côtes en Italie et 800 en Grèce – s'est dite prête à «aller encore plus loin » car l'Italie et la Grèce ne peuvent pas « rester seules». C'est pour débattre de cette question que ce dimanche les ministres de l'intérieur de France, d'Allemagne et d'Italie ont rencontré, à Paris, le commissaire européen chargé de la migration Dimitris Avramopoulos. En marge de cette réunion, le ministre italien Marco Minniti a dénoncé, dans un entretien accordé au quotidien «Il Messaggero», la pression exercée sur son pays par l'afflux massif des migrants et demandé à ses partenaires européens de bien vouloir ouvrir leurs ports aux embarcations secourant les naufragés car « si les seuls ports vers lesquels les réfugiés sont acheminés sont les ports italiens, cela ne marche pas et c'est là le cœur de la question». Et celui-ci de poursuivre en déclarant : «Je suis un europhile et je serai fier si même un seul bateau, au lieu d'arriver en Italie, allait dans un autre port. Cela ne résoudrait pas le problème de l'Italie mais, ce serait un signal extraordinaire» qui prouverait que l'Europe est réellement prête à aider l'Italie. Mais force est de constater, toutefois, que tout le monde ne voit pas çà d'un très bon œil. Ainsi, dans un entretien accordé à RTL/LCI/Le Figaro, Eric Ciotti, le député «LR» des Alpes Maritimes, a jugé que la demande italienne n'était pas recevable car accepter que ces personnes rentrent en Europe revient à autoriser leur installation définitive sur le vieux continent. Or, avec 75.000 naufragés sauvés depuis le début de cette année, Rome risque de devoir faire face, sans en avoir les moyens, à un violent raz-de-marée qui ferait échouer près de 200.000 migrants aux abords des côtes italiennes durant la seule année 2017. En voyant, enfin, qu'entre dimanche et mardi dernier ce sont plus de 12.000 migrants qui, venus des côtes libyennes, ont frappé aux portes de l'Italie –avec plus de 5.000 pour la seule journée du lundi- il semble «normal» que Rome hausse le ton, menace de fermer ses frontières et en appelle à une intervention rapide des 27 pays de l'Union lors de la réunion de leurs ministres de l'Intérieur qui devrait avoir lieu le 6 Juillet prochain à Tallin en Estonie.