Sur fond d'un bouleversement numérique exponentiel, le livre sera célébré ce dimanche par l'UNESCO à l'occasion de la Journée mondiale du livre et du droit de l'auteur, un événement rendant hommage à l'acte de la lecture. Coïncidant avec une date significative pour la littérature mondiale (le 23 avril) car marquant la disparition ou la naissance d'éminents écrivains tels que Cervantes, Shakespeare ou encore Vladimir Nabokov, cette célébration souligne tout l'intérêt de la lecture des livres dans une ère de plus en plus imprégnée par une spectaculaire révolution digitale. La lecture est bénéfique à plusieurs titres, car non seulement elle favorise l'amélioration du vocabulaire et de la langue, l'élargissement des horizons de tout un chacun et la réflexion critique, mais elle permet également d'apprendre à ne pas rejeter autrui. D'ailleurs, cette journée sera consacrée cette année aux personnes aveugles ou souffrant d'une déficience visuelle, dans un souci de promouvoir une société de savoir inclusive, pluraliste et équitable. L'écrivain marocain d'expression française, Moha Souag, abonde dans ce sens, en considérant que la lecture permet d'entrer en contact avec une autre personne. « C'est ce qu'on appelle généralement la formation d'un début empathie, du début d'une ouverture vers les autres », indique-t-il dans une déclaration à la MAP. M. Souag distingue deux dimensions de l'acte de la lecture, à savoir celle fonctionnelle, par laquelle la lecture est un moyen de se remettre en question et d'être en contact des manières différentes de penser, et celle du plaisir personnel, où la lecture permet de « rêver et d'imaginer des mondes qu'il serait impossible de connaître en une seule vie ». La lecture n'est pas un domaine isolé, car elle fait partie de tout un ensemble (culture et production intellectuelle d'un peuple, génie d'une civilisation) et permet à tout peuple d'exister pour lui-même et pour les autres peuples, souligne l'écrivain doublement lauréat du prix Grand Atlas (2008, 2014). Il relève, dans ce sens, l'existence de plusieurs rapports indéfectibles entre la lecture, le théâtre, le cinéma, la musique et les arts plastiques, estimant qu' »un peuple qui ne lit pas, ne réfléchit pas ». A cet effet, Moha Souag met un accent particulier sur l'importance de la formation des enseignants afin d'améliorer le rapport qu'entretiennent les citoyens marocains, notamment les jeunes, avec le livre, tout en jugeant que l'école est « le seul moyen de faire aimer la lecture aux enfants ». La consécration de ce rôle clé de l'école dans la promotion de la lecture échoit à tous et nécessite un effort de coordination entre les différentes parties prenantes, y compris l'Etat et la société civile. Un exemple de cet engagement est incarné par l'association Ecole 21 (pour l'école du 21ème siècle) dont l'action est destinée au soutien à la réussite scolaire et éducative par l'entremise de la création de bibliothèques scolaires dans l'objectif d'inciter les enfants et jeunes marocains à la lecture. Agissant dans une perspective de co-développement humain, l'association a signé en 2011 une convention de partenariat avec le Comité provincial pour le développement humain de la province d'El Jadida, l'Association provinciale des affaires culturelles et la Délégation provinciale du ministère de l'Education nationale. « Notre action se base avant tout sur le besoin des écoles et des professeurs en matière de la lecture et des livres » a déclaré à la MAP la présidente d'Ecole 21, Rabia Chaouchi Benbouzid. Jusqu'ici, l'association fondée en 2009 à Montréal a réalisé trois bibliothèques dans trois écoles au bénéfice de plus de 2.000 enfants, à savoir les écoles Lalla Aicha El bahria et Al Immam Malik á Azemmour et Brahim Roudani á El Jadida, a-t-elle précisé. Louable et méritant d'être soutenu et généralisé, ce genre d'initiatives démontre que dans une ère marquée par la diffusion croissante des tablettes et ordinateurs portables, la capacité de la lecture des livres à impacter Homme et société demeure résiliente et inaltérable.