Le colloque international sur l'amazighité, les valeurs sociétales et le vivre ensemble se tiendra du 5 au 8 juillet prochain à Agadir. Cet évènement est initié par l'université d'été d'Agadir. En effet, dans un contexte géopolitique en ébullition, marqué par la montée des revendications identitaires, par l'éclatement des entités étatiques et le dépiècement du vivre ensemble sous la pression des extrémismes ethniques ou religieux d'une part, et des politiques de domination et d'exclusion adoptées par certains Etats, d'autre part, le Maroc essaie de se frayer un tout autre chemin, se basant sur une lecture positive de son histoire millénaire, et la reconnaissance des différentes composantes de sa culture et son identité nationale, et sur la volonté d'une bonne partie de ses élites et de sa société civile, lit-on dans l'argumentaire de ce colloque. D'où le choix du thème des valeurs sociétales et du vivre ensemble par les organisateurs. Le mouvement amazigh, via des discours et un certain nombre d'actions, contribue à cet effort national portant émergence d'un modèle marocain pluriel mais serein dans son unité. « La résistance des communautés amazighes s'est faite aussi dans le cadre de la construction d'un nouveau vivre ensemble, fondé sur la reconnaissance, les droits et les obligations citoyennes », soulignent les organisateurs. Cette résistance ne s'était pas construite sur le rejet de l'autre car l'élite amazighe avait compris depuis les années 1960 que dans ce genre de bataille, la victoire ne se remporte pas en conquérant les territoires mais en convertissant la population et les élites épris de valeurs nobles à sa cause, précise la même source. L'amazighité, estiment les initiateurs, a été le produit d'une élite à la lisière de deux ou trois voire quatre langues – l'amazigh, l'arabe, le français et l'anglais – et de plusieurs traditions culturelles. C'est cette richesse qui explique son caractère innovateur et avant-gardiste. Une amazighité, estiment-ils, qui ne compartimente pas l'identité marocaine, ni la divise en morceaux pour en faire un patchwork, et qui fait des appartenances des Marocains une richesse et une force internes et des leviers d'ouverture sur le monde extérieur. L'amazighité ne s'est pas calquée en négatif sur l'arabité ou toute autre appartenance revendiquée par une quelconque communauté marocaine. Elle fait de tous ces éléments la mosaïque identitaire marocaine dont l'amazighité constitue son substrat, expliquent-ils. Elle ne pouvait être autre chose que la structure profonde de la personnalité marocaine et une vision du monde porteuse d'espoirs, compte tenu de son enracinement et de son référentiel de valeurs. «Le patrimoine amazigh, les us et coutumes avaient toujours, et le sont encore, été des sources de base du système de valeurs au Maroc, c'est d'ailleurs l'un des constats de l'enquête nationale sur les valeurs», ont-ils indiqué. Pour les organisateurs, le vivre ensemble marocain n'évolue pas en autarcie, mais dans un monde dévasté par les identités meurtrières. Il fraie son chemin dans le village planétaire qui fait et défait les répertoires de valeurs sous la pression de la mondialisation et ses effets collatéraux. De nouvelles valeurs émergent dans la société marocaine, d'autres disparaissent et les valeurs consacrant l'individualisme sont au cœur de ces nouvelles valeurs. Dans un contexte pareil, se demandent les initiateurs, si la langue était au cœur de la revendication identitaire du mouvement amazigh depuis les années 1960, vu que la langue est l'élément central de l'amazighité, ce mouvement est appelé aujourd'hui à donner forme à son projet sociétal fondé sur un système de valeurs qui puise de l'amazighité, qui n'est plus uniquement une revendication linguistique, mais plutôt un projet de société qui cherche à se présenter comme alternative aux autres projets, en concurrence sur le «marchée marocain».