Le ministère de l'équipement et du transport a annoncé, lundi, que 4066 personnes ont été tuées dans les accidents de la circulation survenus en 2011, enregistrant ainsi une augmentation de 11,61 par rapport à l'année 2010, une performance à deux (2) chiffres, devenue rare dans les statistiques marocaines. Pire encore, 9 % des conducteurs des véhicules et 29 % de motocyclistes en milieu urbain ne s'arrêtent pas au feu rouge. Le nombre des blessés graves dans les accidents de la circulation a également enregistré une augmentation à deux chiffres de 13,03, alors que celui des blessés légers n'a augmenté que de 1,83 %. Ce constat alarmant illustre à lui seul la situation d'un secteur en constante dégradation, malgré l'entrée en vigueur du nouveau code controversé de la route et les efforts déployés par les autorités. Tout le monde serait pourtant d'accord, selon les observateurs, pour arrêter l'hécatombe, mais personne n'a réussi jusqu'à présent à proposer la formule magique de résoudre le problème et de savoir pourquoi les gens ne veulent pas respecter la loi en vigueur. A croire les données, dévoilées lors d'une rencontre de communication, organisée lundi à Rabat par le Comité national de prévoyance des accidents de la circulation (CNPAC), seuls près de 6 % des usagers de la route respectent le panneau STOP, alors que près de 94 % d'entre eux ne le respectent pas. Selon les mêmes statistiques, quelque 28 % des conducteurs des véhicules légers en milieu urbain ne mettent pas la ceinture de sécurité, alors que pas moins de 21 % des conducteurs de motocyclettes ne mettent pas de casques de protection, aggravant ainsi leur cas en cas de survenue d'un accident. Nombreux aussi sont les conducteurs qui ne respectent pas la vitesse réglementaire surtout dans les routes régionales et les autoroutes, apprend-on de même source. Pour inverser la tendance, le ministre de l'Equipement et du transport, Abdelaziz Rabbah a laissé entendre dans une intervention d'ouverture de cette rencontre de communication qu'il suffit de changer les mentalités et de diffuser une culture fondée sur le respect du Code de la route. Ce n'est du tout suffisant, serait-on tenté de dire, car les mentalités évoluent selon les intérêts et sont le produit de l'environnement ambiant, qui reste malheureusement régi par la loi de la jungle, celle de la corruption et des passe- droits, sans parler de la déception des larges couches de la population des services de santé, d'enseignement, de la voierie, etc. Le ministre n'a pas non plus évoqué l'état des routes non entretenues y compris de certains tronçons d'autoroute, le délabrement des infrastructures existantes ou le non déploiement des radars fixes au niveau des points névralgiques et pourquoi pas au niveau des feux rouges et devant les établissements scolaires et hospitaliers en attendant leur généralisation à tous les points noirs dans le pays. Mais ce qui est sûr aussi, c'est que ce constat alarmant et le message qu'il véhicule seraient incomplets si l'on garde le silence devant l'impact de la corruption sur la conduite des véhicules et l'aggravation des accidents de la route, qui endeuille des familles nombreuses et provoque des dégâts matériels importants. Il ne faut se taire non plus devant les comportements de certains agents de la circulation qui se cachent avec ou sans caméra au niveau de nombre de ronds points, derrière des buissons ou des arbres pour piéger, pensent-ils, les contrevenants. Faut-il leur rappeler que les représentants de la loi doivent travailler au grand jour, pour jouer pleinement le rôle de dissuasion ! Il est vrai que le programme gouvernemental a prévu “l'élaboration d'une politique efficiente pour le traitement du fléau des accidents de la circulation et l'amélioration de la sécurité routière”, mais il est vrai aussi que la lutte contre un tel problème national doit nécessiter la mobilisation de tous (familles, société civile, organisations, départements ministériels à tous les niveaux et autres). Si l'on gagne, dans le cas d'espèce, une seule fois la bataille, il sera peut être facile d'en pérenniser les résultats à travers la consolidation des méthodes et options poursuivies en matière de lutte pour mettre fin à la complaisance, à l'impunité et à la complicité avec les contrevenants. En attendant, il est impératif de dénoncer avec force la folie des conducteurs irresponsables, le manque d'entretien des infrastructures de base (voirie surtout) et le maintien en circulation de véhicules, devant être plutôt livrés à la casse (autobus, taxis, les grands surtout, autocars, camions etc.). Il est temps aussi de convaincre la société de l'urgence de gagner la bataille contre l'analphabétisme et la pauvreté, la marginalisation et la «Hogra», dont les victimes estiment consciemment ou inconsciemment n'avoir aucun intérêt à respecter la loi en vigueur.