L'offensive contre les produits impropres à la consommation se poursuit. Et la bataille est encore loin d'être gagnée. Pour le seul mois de mars, l'ONSSA a saisi et détruit 620 tonnes de produits alimentaires nocifs à la santé. Entre viandes rouges, viandes blanches, produits laitiers, œufs, miel, boissons non alcoolisées saisies... c'est tout le panier de la ménagère qui est mis à mal. Mais aussi importante que parait cette dernière saisie, pour l'association des droits des consommateurs, ces chiffres restent en deçà de la réalité. Et pour cause, 60% de produits circulent dans l'informel et échappent encore au contrôle. L'ONSSA fait le ménage. Mais chaque opération de saisie et destruction n'est pas la garantie d'une table plus saine. La lutte contre les produits alimentaires impropres à la consommation dans le Royaume s'annonce longue. Espérons qu'elle ne s'éternise... Après les 750 tonnes de produits saisies les mois de janvier et février dernier, ce sont 620 tonnes sur 163. 982 tonnes de produits contrôlés qui ont été détruites dans le cadre des opérations de contrôle de l'instance pour le compte du mois de mars. Et tous les types de produits sont concernés par l'opération de nettoyage de l'ONSSA. Au total, ce sont 193 tonnes de viandes rouges et 96,3 tonnes de viandes blanches qui ont été détruites au cours des opérations de contrôle. Les produits laitiers, comme d'accoutumée, font partie du lot des produits impropres saisis. 10,6 tonnes de lait et de produits laitiers ont ainsi été détruites, souligne le communiqué de l'ONSSA. Bien plus, les produits que la plupart des citoyens ne soupçonnerait guère, figurent dans la liste des aliments nocifs qui circulent sur le marché, entre autres : miel, jus, nectars, boissons non alcoolisées, confitures, biscuits, pâtisseries, conserves végétales, farines... Et les quantités de saisie dans tous les cas laissent pantois. D'ailleurs, l'office a proposé dans ce cadre la fermeture de 9 établissements de production de confiture, de préparation sucrante, d'épices et de biscuits ne disposant pas d'autorisation ou d'agrément sur le plan sanitaire et opérant dans de mauvaises conditions d'hygiène à Casablanca. Pour Bouazza Kherrati, président de l'association des droits de consommateurs (AMDC), les quantités saisies restent inférieures à la réalité sur le terrain. Aujourd'hui encore, le marché parallèle informel échappe au contrôle. Ce sont 60% qui circulent librement dans le circuit de l'informel, les souks, «joutéas» sans être inquiétés, confie le président de la FMDC. Des efforts devraient être déployés davantage pour limiter la vente de produits alimentaires néfastes dans le circuit informel. Toutefois, l'association salue les efforts de l'ONSSA. «Nous félicitons l'ONSSA pour sa nouvelle stratégie de communication, c'est un vrai changement. Les chiffres qu'il livre chaque mois nous permettent de suivre l'évolution du contrôle», lance t-il. En mars 2016, ce sont 5 établissements qui se sont vus retirer leurs agréments pour produits jugés non conformes. 16 dossiers ont ainsi été déférés au parquet. A l'importation, ce sont 32,4 tonnes de produits alimentaires qui ont été refoulés pour non-conformité aux normes réglementaires en vigueur. Pour l'association des droits de consommateurs, la méthode de prévention exigée par la méthode HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) devrait être généralisée à tous les établissements et ne pas être restreinte uniquement aux établissements exportateurs. Aujourd'hui, souligne l'association, il est nécessaire d'aller au-delà des contrôles inopinés des agents pour garantir une victoire durable dans la lutte contre les produits alimentaires impropres à la consommation.