Le petit dernier a 2 ans et vous estimez qu'il est grand temps qu'il lâche ses sacro-saintes couches. A la pression de votre entourage (« le mien était propre à 9 mois ! »), s'ajoute celle de la rentrée prochaine, et la directrice est formelle : « les enfants qui ne sont pas propres à la rentrée ne seront pas acceptés à l'école ! ». Par Camilla Gallapia. A la pression de votre entourage (« le mien était propre à 9 mois ! »), s'ajoute celle de la rentrée prochaine, et la directrice est formelle : « les enfants qui ne sont pas propres à la rentrée ne seront pas acceptés à l'école ! » (pour info, sachez qu'aucun texte légal ne l'autorise à refuser un élève sous ce motif, mais soyons honnêtes, 30 couches à changer dans une classe, ça relève de l'impossible). Avant tout, l'âge auquel il est de bon ton de devenir “propre”, comme on dit, varie d'un expert à un autre. Pour Françoise Dolto, c'est vers deux ans que l'enfant contrôle son sphincter et peut commencer à essayer d'aller sur le pot. Freud, lui, affirmait qu'à partir de la première année, l'enfant en plein “stade anal” peut décider d'aller sur le pot ou d'utiliser sa couche. Dans les années 20, on considérait même qu'il fallait forcer les bébés de quelques mois à manifester leurs besoins primaires. Aux Etats-Unis, ce mode d'éducation au pot est très en vogue, malgré les dégâts psychologiques qu'il peut causer, d'après quelques spécialistes, comme Berry Brazelton, un auteur et pédopsychiatre des années 50, qui suggère aux parents de laisser les bébés choisir “leur” moment. Expert ou pas, chacun y va de son conseil : Belle-Maman : « Tu le mets sur le pot à heure fixe ». La Nounou : « Laissez-le cul nu, il apprendra qu'être mouillé c'est désagréable ». Lucifer : « En cas d'accident, mettez-le au coin pour lui apprendre à réclamer le pot ». Laisser le temps au temps Sauf que vous, ces méthodes de « dressage » ça vous emballe moyen. Du coup, vous demandez à Perrine, directrice de la crèche: « Il faut bien prendre en compte que pour un enfant, c'est sa 1ère décision personnelle, jusqu'ici la plus importante de sa vie. Laissez-lui la chance de pouvoir choisir son moment, celui où il se sent prêt. ». C'est vrai que quand on réfléchit, il a passé toute sa vie en couche. C'est comme si aujourd'hui on nous imposait de changer complètement notre moyen d'évacuer nos besoins naturels en essayant de nous convaincre que c'est mieux pour nous (« Mais siiii ! C'est super de faire pipi la porte ouverte devant tout le monde ! »). Et puis soyons honnêtes, vous en connaissez beaucoup des enfants de 4 ans qui portent toujours des couches ? C'est bien la preuve que l'enfant va être amené de lui-même à être propre tôt ou tard naturellement, comme il a été amené à marcher sur ses 2 pieds ! Sans compter qu'il est extrêmement rare qu'un recruteur nous demande à quel âge nous avons été « sanitairement autonomes ». A priori, ça ne figurera pas sur son CV et il pourra tout de même entrer à HEC malgré sa “propreté tardive”. Garder confiance « Souvent, les enfants qui choisissent le moment d'arrêter les couches deviennent propres de jour comme de nuit, quasiment sans accidents », dit la directrice. Il vous dira donc quand il est prêt. A 2 ans et demi passés – et à 2 mois de la rentrée – vous commencez cependant à trépigner, mais vous essayez de vous souvenir de vos bonnes résolutions et gardez patience : vous faites confiance à votre bonhomme. Et un jour, miracle ! Il estime qu'il fait trop chaud pour mettre une couche. Une journée se passe, puis 2, puis 3. Victoire ! Pas d'accident ! Pas d'accidents, mais… « Il y a souvent un léger décalage pour les selles, certains enfants réclament même une couche juste pour le moment ‘'M'' ! », explique Malou, puéricultrice de crèche en région parisienne. Il ne faut donc pas hésiter à pendre votre enfant entre 4 yeux et lui expliquer qu'il est très important « d'évacuer ses selles » (oui, bon, n'utilisez pas exactement ces mots-là), que ce sont les petites poubelles de son corps qui rejette tout ce dont il n'a pas besoin dans sa nourriture pour l'aider à grandir, courir, sauter très haut, etc. Il faudra sans doute plusieurs jours de calage, mais vous pourrez fièrement proclamer: « Mon fils a choisi tout seul son moment pour être propre ! »